Punaise arlequin : le rouge et le noir
Rares sont les insectes que l’on peut nommer avec certitude au premier coup d’œil... Avec ses rayures vives sur le dos, la punaise arlequin passe difficilement inaperçue. Son ventre n’est pas rayé, mais ponctué de rouge et noir.
L’association du noir et du rouge est un message clair aux prédateurs : « N’essayez pas de me manger. »
Très commune dans notre région, la punaise arlequin adore se promener dans les fleurs des carottes sauvages ou des fenouils. Elle s’y nourrit de la sève des jeunes graines en formation, en les perçant grâce à un rostre piquant puis en aspirant.
Aposématique
L’aposématisme est une manière qu’ont certains êtres vivants de signaler leur toxicité à leurs éventuels prédateurs. Le terme provient des racines Apo qui signifie « de loin » et Semio, « signal ». L’association de noir et de couleurs vives est une alerte très connue : on pense aux frelons, aux salamandres… Certains animaux font juste semblant comme les syrphes, ces mouches inoffensives qui se déguisent en guêpes. Mais la punaise arlequin a bien des glandes malodorantes, situées entre les pattes postérieures. En cas de dérangement, elle dégage une odeur désagréable et tenace. On ne s’y frotte pas deux fois. Ainsi, les punaises de cette famille n’ont que très peu de prédateurs et ont la vie plutôt tranquille, en haut des fleurs, bien au soleil, sans stress… D’ailleurs, la puanteur émise en cas de menace permet aussi de prévenir les consœurs du danger, juste au cas où. Mais généralement, la mise en garde colorée suffit.
Prendre le temps de vivre...
Cette (presque) absence de risque permet aux punaises arlequin de prendre leur temps. On les voit rarement voler même si elles en sont capables. L’accouplement « tête-bêche » peut durer des heures, voire même des jours… Certains les prennent même en photo ! Quelques œufs sphériques et blancs seront pondus sur la plante ; ils donneront bientôt de petites punaises ternes et trapues, avant une dernière mue qui leur permettra d’arborer leurs belles couleurs.
Souvent parasitée
Pour notre insecte rouge et noir, tout n’est pas rose : les mouches tachinaires aiment parasiter les punaises. Il n’est pas rare de remarquer ces petits œufs clairs et oblongs,accrochés à une articulation de l’armure. Les larves éclosent dans le corps et s’y développent, bien à l’abri, tout en consommant l’hôte peu à peu, en prenant soin de garder les organes vitaux pour la fin !
Ces mouches parasites (10 000 espèces connues au monde) s’attaquent aussi aux chenilles ; elles sont utilisées en agronomie comme prédatrices d’autres insectes qui gênent les cultures.
Photo © CPIE MO
Le saviez-vous ?
Graphosome italien, pentatome rayé, ou encore punaise italienne, voici différentes autres manières de nommer la punaise arlequin. Son nom scientifique est Graphosoma italicum : cela évoque ses ornements graphiques (les rayures et points). Pourquoi l’Italie ? Non pas à cause du légendaire maillot du club de football AC Milan, mais du fait de sa description d’origine, dans la région de Turin.
On retrouve d’ailleurs un peu d’Italie avec Arlequin, personnage blagueur et typique de la Commedia dell’arte : son célèbre costume fait de pièces colorées symbolise à la fois sa pauvreté et sa multiplicité de facettes.
Pour en savoir plus :
La page « Insectes.net » : www.insectes-net.fr/graphosoma/graphosoma2.htm
La fiche de Zoom nature : www.zoom-nature.fr/la-punaise-arlequin-annonce-la-couleur
Cette fiche est réalisée par CPIE Marennes-Oléron
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Avec le soutien de naturalistes de Marennes-Oléron