Livres - N°175 - Mars/Avril 2022

Livres

Xynthia, une décennie plus tard

La tempête Xynthia s’est abattue sur les côtes atlantiques dans la nuit du 27 au 28 février 2010, frappant durement l’île d’Oléron (voir JdP n° 103, 104 et 105).

Dix ans après, en février 2020, le photographe Benjamin Caillaud (voir JdP n° 137 et 153), dont le travail s’articule autour des paysages et ressources des littoraux, a arpenté l’île à pied pour photographier la recomposition de ces paysages oléronais. Il en ressort un livre regroupant les beaux clichés du photographe sur cette rencontre entre la terre et l’océan, entre l’homme et la nature, entre les ouvrages de protection des côtes et la force sauvage des éléments.

Dix ans après cette terrible tempête, des protections contre l’érosion ou la submersion des côtes ont été érigées mais à certains endroits la mer continue à gagner du terrain. On voit ainsi cette étonnante photo d’un homme dont les habits de pêcheur à pied se confondent avec les enrochements qu’il traverse ou encore ces arbres morts qui se trouvent dans l’océan suite à la forte érosion de la côte.

Les photos provoquent une réflexion sur la place de l’homme au milieu d’une nature qu’il essaie de maîtriser.

L’historien du littoral Thierry Sauzeau, dont nous faisons régulièrement référence dans le journal (JdP n° 104, 105, 140), intervient en fin d’ouvrage pour rappeler l’importance de l’analyse historique de ces territoires, de la « transmission de la mémoire de la côte », de « la conscience des aléas » et de la « mixité entre l’activité locale ancestrale (agriculteurs, pêcheurs, conchyliculteurs) et résidents périurbains ou estivants ».

Un ouvrage essentiel qui est un rappel, plus de 10 ans après Xynthia, de ce que l’on peut faire et ce que l’on doit éviter de faire pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise avec de telles conséquences.

En plus des deux auteurs de référence, on notera la fabrication soignée et la qualité de reproduction des photographies sur un beau papier.

Photo : Les auteurs, Thierry Sauzeau à gauche et Benjamin Caillaud à droite.

Xynthia + 10, Benjamin Caillaud, Local éditions, 58 pages, 18 € 

 

Surprises

Il y a quelques mois est parue la version revue et mise à jour de Charente-Maritime 100 lieux pour les curieux, un livre pour découvrir des endroits insolites dans le département.

Au fil des découvertes, on découvrira le premier fabricant français de matériel de pêche aux crevettes à Brie-sur-Mortagne, un fabricant de ukulélés (dont le Motu, modèle déposé original) dans une ancienne cabane ostréicole au Château-d’Oléron, le Théâtre d’ardoise au milieu des claires à Dolus-d’Oléron, un atelier-galerie d’art à base de ferrailles à Marans, la glacière du xviie siècle à Brouage, l’ermitage Saint-Martial dans la falaise de Mortagne-sur-Gironde, le parcours façon accrobranche mais à bord d’un trois-mâts à Rochefort, le bunker aménagé à La Rochelle, le panorama exceptionnel sur le plus grand estuaire d’Europe à la tour de Beaumont (Saint-Fort-sur-Gironde), le château fort de Saint-Jean-d’Angle ou encore le pont du diable à Saint-Palais-sur-Mer. Les découvertes sont variées, il y en a pour tous les goûts et elles sont au nombre de 100, présentées avec humour par l’auteur avec toutes les informations pratiques nécessaires à leur visite.

Charente-Maritime, 100 lieux pour les curieux, Gaël Réaux, éd. Christine Bonneton, 160 pages, 15,50 €

 

Mésaventures en mer

Les éditons Arthaud publient au format poche les récits anciens de trois naufragés. En 1552, Manoel de Sosa Sepulveda, sa femme et ses enfants échouent sur les côtes d’Afrique australe et y meurent après avoir été traités cruellement par les Cafres. En 1687, Guillaume de Laujardière, en déroute, est recueilli par des Cafres et vit auprès d’eux un an. Enfin, alors qu’il n’a que 14 ans, Narcisse Pelletier, abandonné par son équipage après une attaque en 1858, est adopté par un homme de la tribu nomade aborigène des Ohantaalas. Ils mettent en avant « le caractère périlleux des voyages en mer et le frêle poids des existences humaines livrées aux tempêtes, attaques de pirates et autres échouages chez les cannibales », explique en introduction l’auteur Dominique Lanni, spécialiste de la littérature des voyages.

Récits de naufragés, présentation par Dominique Lanni, éd. Arthaud poche, 258 pages, 8,90 €

 

Beautés des îles

Les amoureux de la mer se régaleront en feuilletant ce beau livre dont les pages de papier glacé mettent en valeur les plus belles îles de notre planète. Car la priorité est donnée aux très belles photos, dès l’introduction qui indique les origines des îles ou encore leur faune et leur flore. Puis vient une énumération de plus de 130 sites magnifiques ou étonnants, traités chacun sur deux pages, au fil des continents. Dans l’océan Arctique, les îles Solovki (Russie) furent pendant des siècles un lieu d’isolement pour les moines dans un magnifique monastère orthodoxe mais aussi pour les prisonniers du régime soviétique qui y construisit un camp prototype du Goulag… En Atlantique, on se balade des îles Féroé aux Açores, ou encore à Sainte-Hélène, dont « le plus célèbre de ses résidents fut Napoléon, qui passa les six dernières années de sa vie à Longwood House, se plaignant de l’ennui et du climat ». Dans une autre ambiance, Manhattan, à New York, dévoile ses gratte-ciel sur une île qui appartenait à l’origine aux Indiens Lenapes, achetée en 1626 par les Hollandais et ensuite nommée Nouvelle-Amsterdam. Dans l’océan Indien, l’étonnante Qeshm (Iran) abrite des maisons avec des bâdgirs, tours qui captent le vent afin de rafraîchir naturellement les habitations. Dans le Pacifique, l’importante densité de la population à Hong Kong (Chine) s’oppose à Komodo (Indonésie) qui abrite le célèbre varan. La France est aussi présente avec la Corse, la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Réunion, Mayotte ou encore la Polynésie. Chaque île est une découverte et une invitation à voyager à travers toute la richesse de ces îles et archipels.

Iles de rêve, les perles des mers et océans, éd. Ouest-France, 304 pages, 25 €

 

La référence de la voile

En toute humilité, cette bible de la voile (nouvelle édition) est sous-titrée « Du débutant au skipper, le guide de référence pour tous les marins ». Effectivement, il y en a pour tout le monde, du plaisancier du dimanche qui apprendra, par exemple, à jouer avec le vent dans les voiles jusqu’au régatier affûté qui affinera ses techniques de pilotage.

Très complets, les nombreux chapitres abordent sur 400 pages l’initiation à la voile, le dériveur et catamaran de sport, la croisière, la navigation, la météorologie, l’entretien du bateau et la sécurité en mer à l’aide de nombreux croquis et dessins techniques et de belles photos.

Très bien réalisé, complet et très didactique, ce livre est la traduction d’auteurs anglais qui font référence dans le domaine. Jeremy Evans est un écrivain et photographe spécialisé dans la voile et les sports nautiques, Pat Manley est professeur de voile et Barrie Smith est un skipper en solitaire et en équipage qui a participé à plusieurs courses au large.

Un ouvrage indispensable dans la bibliothèque de tout pratiquant de voile.

La bible de la voile (nouvelle édition), Jeremy Evans, Pat Manley et Barrie Smith, éd. Glénat, 400 pages, 35 €

 

Histoires de bateaux

Amateur de beaux livres, de dessins remarquablement précis et clairs, de textes documentés… sur l’histoire de la marine, ces deux ouvrages sont faits pour vous : le premier, Les grandes batailles navales – 2 500 ans d’histoire, est une anthologie illustrée des combats maritimes les plus marquants, s’ouvrant avec la bataille de Salamine, le 29 septembre 480 avant J.-C. et s’achevant avec le conflit des Falkland, qui a opposé le Royaume-Uni à la junte militaire argentine de début avril à mi-juin 1982. Au fil des 220 pages (et des superbes illustrations souvent dues au crayon de Jean-Benoît Héron qui sont complétées de reproduction de cartes d’époque et de quelques photos d’archives pour les conflits du xxe siècle), on voyage en effet à travers les siècles et les continents au fil des vingt batailles célèbres, décrites à chaque fois sur huit à dix pages. Parmi elles, nous avons beaucoup apprécié lire le récit des combats de Gravelines, le 8 août 1588 quand, confrontée aux 130 navires de l’Invincible armada de Philippe II d’Espagne, la marine britannique, sous le commandement de Francis Drake, parvient à repousser l’assaut : « À son retour en Espagne, en octobre 1588, l’Invincible armada n’est plus que l’ombre d’elle-même, plus de soixante navires manquent à l’appel. » Le récit des fameuses batailles de Chesapeake, le 5 septembre 1781, victoire française décisive dans l’accès à l’indépendance des Etats-Unis, de celle de Trafalgar, près de Cadiz, le 21 octobre 1805, l’un des pires affronts de la marine française face à la Royal Navy, et l’exploit du sous-marin allemand U9, le 22 septembre 1914, sont également palpitants. 

Remontant également le temps, depuis l’Antiquité égyptienne jusqu’au siècle des Lumières, À bord des galères raconte l’histoire de ces bateaux rendus célèbres par les péplums, où des galériens enchaînés à leurs bancs rament au rythme du tambour ou sous les coups de fouet. Or, ces bateaux, dérivés des premières pirogues, ont été utilisés pendant plus de quatre millénaires, accompagnant le développement des premières civilisations méditerranéennes, du Pyrée en passant par Byzance, Carthage, Venise, Gênes ou Marseille. Mais l’ouvrage emmène aussi le lecteur à la rencontre des galères d’ailleurs, les flottes de la Baltique comme celles d’Extrême-Orient. Enfin, mentionnons tout particulièrement les galères de parade, notamment celles de Venise (pages 88 à 93), magnifiquement mises en valeur par les dessins de Jean-Benoît Héron. 

Les grandes batailles navales – 2 500 ans d’histoire, Jean-Yves Delitte, éd. Glénat, 216 pages, 39,95 €

À bord des galères, Jean-Yves Delitte et Jean-Benoît Héron, éd. Glénat, 96 pages, 25 €

 

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Mme Marie-Céline Plourin nous a fait parvenir un courrier adressé à la communauté de communes concernant les dépôts sauvages

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