Livres
Alerte à la pollution
À la manière des lanceurs d’alertes sur les problèmes de société, voici un nageur d’alerte. Ben Lecomte a voulu alerter sur l’ampleur inimaginable de la pollution plastique dans les océans, et plus spécifiquement dans le vortex, ce continent de plastique de la taille de deux fois la France, présent dans le Pacifique. Pour cela, celui qui fut le premier à traverser l’Atlantique à la nage, sans planche, en 1998, a décidé de nager au milieu de ce vortex pour l’observer et faire des prélèvements. 80 jours et 555 kilomètres de nage plus tard, il a prélevé, avec son équipe, 45 000 fragments de microplastique et observé plus de 3 700 morceaux de plastique flottant à la surface.
Le livre, abondamment illustré des photos de son exploit, revient d’abord sur la partie sportive pour après s’attarder sur la vie sous-marine et les rencontres faites au cours des centaines de kilomètres parcourus : dauphins, cachalot, méduses, poissons-grenouilles... L’auteur détaille ensuite l’incroyable intendance nécessaire à une telle aventure en expliquant l’organisation de la vie en mer. Puis vient le moment de la découverte de cette pollution incroyable provoquée par l’activité de l’homme : lunette de toilettes, passoire, brosse à dent, casque de construction, paniers et casiers de pêche, bouteilles et bouchons en plastique, bouées, nœuds de cordages et de filets, et des tonnes de microparticules de plastique... L’énumération est sans fin et le constat accablant. Édifiant !
Nageur d’alerte, Ben Lecomte, éd. Glénat, 192 pages, 25 €
Bien pêcher à pied
« On ne s’improvise pas pêcheur à pied… » Ce sont les mots de l’auteur, Arnaud Filleul, en introduction de son livre. C’est pour cela qu’il a écrit cet ouvrage, pour comprendre le rythme des marées, connaître l’estran, savoir où et comment chercher pour « profiter de la richesse de nos côtes » tout en respectant l’environnement. Pour chaque espèce, l’auteur explique comment la reconnaitre, comment la repérer et quelle est la technique de pêche et le matériel nécessaire. Le tout est ensuite expliqué pas à pas avec de nombreuses photos. Des conseils de cuisine sont même prodigués pour apprécier et déguster la récolte. Les mollusques des zones sablo-vaseuses (coques, couteaux, palourdes…), les crevettes et poissons plats sont ensuite présentés. Arnaud Filleul explique également les risques de cette pêche : piqûres de vives ou de callionymes qui, si elles ne sont pas mortelles, peuvent provoquer de fortes douleurs durant toute une journée. Les photos permettent de les reconnaître. Sur les rochers de l’estran, ce sont les huîtres, moules, bigorneaux et autres gastéropodes que l’on peut trouver. Pour ces derniers, il faut savoir qu’ils ne sont pas tous consommables et, là encore, il est important de les reconnaître. Les différentes espèces de crabes sont également détaillées. Crabes verts, étrilles, tourteaux et araignées de mer n’auront ainsi plus de secrets. Pieuvres, petites aiguilles de mer, raies torpilles, coquilles saint-jacques et bien d’autres espèces qu’on peut rencontrer à la pêche à pied sont aussi présentées. Les techniques de pêche au mulet, au bar, au maquereau, à la raie ou au congre sont expliquées. Le livre se termine sur les oiseaux de l’estran que l’on peut observer. C’est un livre très complet, indispensable à ceux qui parcourent les côtes à pied et qui souhaitent en savoir plus et reconnaître leur environnement.
La bible illustrée de la pêche à pied, Arnaud Filleul, éd. Ouest-France, 256 pages, 25 €
Beautés océanes
Voilà un très beau livre comme sait en faire l’éditeur Glénat : grand format, papier épais, photographies de qualité, fabrication impeccable et auteurs de référence. Le sujet ici : la vie sauvage dans l’océan à travers le monde, depuis les côtes jusqu’aux profondeurs abyssales. Les auteurs : Catherine Vadon, qui a participé à plusieurs campagnes océanographiques d’inventaires des faunes profondes, et l’agence Biosphoto qui représente 450 photographes à travers le monde. On apprend plein de choses en lisant les textes de Catherine Vadon, docteur en océanographie, comme le rôle du plancton qui constitue 98 % de la biomasse océanique, produit la moitié de l’oxygène de la planète et absorbe une part significative du gaz carbonique. Le livre s’ouvre sur la vie aquatique le long des côtes, avec une photo des étranges limules atlantiques, apparentées aux scorpions et aux araignées, que l’on peut observer sur les plages du New Jersey aux Etats-Unis lors de la reproduction. On découvrira également les étonnants oursins pourpres en Californie ou les impressionnants massifs d’anatifes (voir page 15). Les photos de cette vie aquatique très dense sont spectaculaires, comme ces crevettes nettoyant les dents d’une murène dans une cohabitation à avantages mutuels, ou ces majestueuses raies qui semblent voler à la surface de l’eau des Galápagos. En haute mer, ce sont deux spectaculaires marlins rayés qui encerclent un ban de sardines qui feront leur repas au large du Mexique. Les pages se tournent et on découvre encore la richesse incroyable de la vie sous-marine. Et le plus étonnant n’est pas forcément le plus gros, comme le zooplancton prenant de nombreuses formes et couleurs, ou les spectaculaires méduses.
Océan sauvage, Catherine Vadon et Biosphoto, éd. Glénat, 192 pages, 39,50 €
Mettre les voiles vers le froid
Le livre de Sandrine Pierrefeu est sous-titré « Chroniques d’une apprentie capitaine ». Cette apprentie a quand même de solides références : elle a navigué aux côtés de Yann Cariou sur L’Hermione – frégate sur laquelle elle a traversé l’Atlantique en 2015 à destination des États-Unis et dont son journal de bord a été publié à son retour –, Charles Claden (Abeille Bourbon) ou encore Yann Danguy des Déserts. Depuis une trentaine d’années, elle parcourt le monde en général et les latitudes arctiques et antarctiques en particulier. Dans ce livre, qui intègre l’excellente collection « hommes & océans » de l’éditeur Glénat, elle évoque ses voyages en Islande et au Groenland. Elle y décrit sa passion pour ce territoire magnifique mais froid et hostile, et ses rencontres avec les Inuits. On suit ses expéditions en voiliers depuis l’Islande vers l’île volcan Jan Mayen, puis la côte est du Groenland. Au-delà de l’aventure en mer, c’est aussi à une aventure humaine, au fil des rencontres, à laquelle nous convie Sandrine Pierrefeu.
Partir 66° Nord, Sandrine Pierrefeu, éd. Glénat, 168 pages, 15,95 €