Livres
La riche faune et flore de l’île
C’est un professionnel de la nature bien connu qui a réalisé ce livre : Jean-Claude Coindet a été jardinier paysagiste sur l’île d’Oléron jusqu’en 2014. Ce spécialiste, amoureux de son île natale, fait découvrir la richesse fragile de la faune et de la flore oléronaises pour mieux la préserver. Il met en avant, dans ce beau livre, les clichés pris pendant plusieurs décennies et le résultat est magnifique. Les chapitres correspondent au découpage géographique de l’île – dune, mer, marais, forêt et cultures – puis, pour chacun d’eux, aux saisons. On commence la découverte par la gorgebleue à miroir blanc dont les couleurs éclatantes du mâle se détachent du fond verdoyant. L’hiver près des dunes, c’est un étonnant cliché d’une fleur éclatante, jacobée jaune orangée, couverte de givre qui est présenté. A côté, un chardonneret est perché sur son… chardon. Le printemps permet d’observer les spectaculaires orchidées sauvages et le lézard occelé prenant le soleil sur un tronc d’arbre. Les photos des paysages sont elles aussi très belles, tel ce rougeoyant vol de bernaches au crépuscule. Papillons, phoques, sangliers, belettes ou chevreuils figurent parmi les espèces qui ont croisé l’objectif de Jean-Claude Coindet. On se régale de ses photos et de ses textes qui décrivent l’atmosphère des lieux.
Oléron nature, faune et flore, Jean-Claude Coindet, édition La Geste, 96 pages, 15 €
Tout sur la pointe de Chassiron
Dominique Abit, est l’auteur de ce livre très complet sur Chassiron. Il vient compléter le petit guide qu’il avait sorti en 2018 et que nous avions présenté dans le JdP n° 155. Car s’il y a un spécialiste de cette terre au « bout du monde » à l’extrémité nord de l’île, c’est bien cet auteur photographe oléronais, qui a fait des études de géologie à La Rochelle. L’ouvrage est passionnant et très riche. Il aborde de nombreux aspects de Chassiron, à commencer par les naufrages : l’Aunis, vapeur deux-mâts goélette, le 13 août 1898 ; le Merlin, steamer anglais, le 1er janvier 1911 ; et, plus tragique, le Port Caledonia, quatre-mâts barque, le 2 décembre 1924, dont les corps de 21 des membres d’équipage s’échoueront sur les plages de l’île. On comprend la nécessité de sécuriser ce passage et les améliorations de la signalisation qui seront faites au fil des siècles. L’auteur revient sur sa genèse, quand une première tour de 23,80 m, dont les deux feux de bois la distinguent des autres phares à un feu, est mise en service en 1685 sur ordre de Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV. La construction du grand phare actuel débute en 1834 et sera mis en service en 1836 – la lampe à huile est allumée le 1er décembre. Il est peint de bandes noires en 1926 pour mieux le différencier du phare des Baleines, sur l’île de Ré, qui est ton pierre. Les travaux récents sur le site concernent la création du très beau jardin au pied du phare, la restauration de la maison de la pointe et la création du parcours-spectacle. L’auteur revient également sur la construction de la tourelle d’Antioche et sur le sémaphore pour la surveillance maritime.
Un chapitre est consacré aux bunkers, qui disparaissent avec le recul progressif des falaises. Certains ensembles constituaient de vrais lieux de vie avec dortoir, postes d’observation ou de tir, citerne d’eau… Le but des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale était de protéger la base sous-marine de La Rochelle. Des documents d’époque, des photos des sites vus de l’intérieur et des schémas font revivre cette zone qui était interdite à la population en temps de guerre.
L’auteur revient également sur les cultures, compliquées avec vents et embruns, qui étaient faites autour du phare (vigne, algues, artichauts), l’histoire et le fonctionnement des écluses à poissons, l’étude géologique et la découverte d’empreintes de dinosaure. Enfin, on apprend qu’un sismographe a été mis en service en 2018 au phare afin de surveiller les mouvements des failles.
Un livre très documenté et bien illustré (avec, entre autres, de très belles photographies de l’auteur) pour tout savoir sur la pointe nord d’Oléron.
La pointe de Chassiron, Dominique Abit, édition La Geste, 264 pages, 29,90 €
Histoires de Charente-Maritime
L’éditeur Ouest-France sort un petit livre, à l’aspect ancien, pour découvrir les côtés les moins connus du département de la Charente-Maritime. Il y a l’histoire des templiers – dont La Rochelle était leur seul port sur l’Atlantique et dont on dit que certains navires auraient réussi à gagner secrètement l’Amérique –, celle du franc-maçon La Fayette parti combattre les Anglais en Amérique à bord de L’Hermione ou encore celle du docteur Guillotin, natif de Saintes, dont l’invention fit tomber tant de têtes. On apprend que « à Saint-Denis-d’Oléron, le logis Guillotin, daté de 1615, [a] appartenu à la famille du docteur ». L’auteur nous balade ainsi à travers tout le département pour nous raconter le naufrage de Port Caledonia à Oléron, le bombardement de Royan, les légendes des îles charentaises, la citadelle abandonnée de Brouage ou encore l’histoire de fort Boyard. Les chapitres sont courts et toujours illustrés. On peut piocher dans ce livre au hasard des pages et se laisser emporter dans des histoires extraordinaires.
Guide secret de la Charente-Maritime, Jean-Luc Aubarbier, éditions Ouest-France, 144 pages, 14 €
Tour du monde des phares
Les amateurs de phares, de leur histoire et de belles photos seront comblés avec ce beau livre au format original, plutôt petit mais dense et épais. La réalisation est impeccable pour mettre en valeur ce tour du monde des phares. L’auteur, Jean-Christophe Fichou, spécialiste de la signalisation maritime, co-auteur du très beau Phares aux éditions Le Chasse-Marée - Armen (épuisé) sorti en 1999 (voir JdP n° 45), élargit ses études et présente ici un aperçu historique des principaux phares construits dans le monde. Le livre débute avec les phares anciens. On apprend que la tour d’Hercule à La Corogne en Espagne, construit entre 40 et 80 après J.-C., est le seul phare romain et le plus ancien en activité au monde. Chassiron, les Baleines, la Coubre et Cordouan, à l’embouchure de la Gironde, sont bien sûr présentés et ce dernier est, d’après l’auteur, « certainement l’un des plus beaux phares du monde ». Le chapitre suivant est consacré à la suprématie de l’industrie française des optiques de phare avec, entre autres, les travaux d’Augustin Fresnel dont le premier appareil dioptrique fut installé à Cordouan en 1823, prouvant sa grande efficacité au monde entier. Ainsi, dans la seconde moitié du xixe siècle, « tous les nouveaux phares d’importance construits aux Etats-Unis sont équipés d’appareils lenticulaires dont plus de 90% proviennent de France ». Puis l’auteur présente les phares métalliques, les phares coloniaux ou encore les spectaculaires phares construits en mer. Un livre très complet sur le sujet et magnifiquement illustré.
Phares du monde, Jean-Christophe Fichou, éditions Ouest-France, 480 pages, 29 €