Le milan noir, pas si noir que ça
Oui, de loin, à contrejour, le milan noir paraît bien noir mais, si on le voit mieux, il est plutôt brun, avec une tête plus claire et deux grandes lignes en « V » sur le dessus des ailes. De la taille d’une buse, ce rapace s’en distingue par ses ailes plus fines, sa queue triangulaire légèrement échancrée et son vol nonchalant.
Contrairement au busard des roseaux qui a les ailes légèrement remontées, le milan les a plutôt planes voire tombantes. Son chant flûté et tremblant ne laisse aucun doute.
Presque un vautour
Le milan noir n’a pas l’allure d’un vautour mais il en a le régime alimentaire. C’est un rapace charognard. Sa grande spécialité est de surveiller les plans d’eau (il est heureux sur Marennes-Oléron !) pour y trouver des poissons morts, en train de flotter. Il ne dédaigne pas un bon ragondin écrasé ou un campagnol coupé en deux par un tracteur. Il fréquente aussi les dépotoirs. Un fin gourmet, quoi.
Après avoir passé l’hiver en Afrique, dans tous les pays situés au sud du Sahara, les premiers milans noirs sont vus fin février ou début mars dans la région. La plupart continuent leur route vers le nord de l’Europe, mais d’autres restent ici pour nicher. Si possible, leur préférence va aux grands arbres, au bord de l’eau pour avoir l’accès direct aux repas. Plutôt que de s’embêter à construire, les milans récupèrent d’anciens nids (de corneilles par exemple) et les aménagent avec goût, accumulant des chiffons et autres plastiques glanés dans nos plus belles décharges sauvages.
De moins en moins migrateur
Son nom scientifique Milvus migrans évoque ce double voyage annuel. Pourtant, de plus en plus, certains milans noirs passent l’hiver dans le Sud de la France, économisant leurs forces et évitant tous les risques d’une migration qui leur ferait traverser les Pyrénées, un bout de Méditerranée et un immense désert.
Avec le changement climatique, le gel devient rare ou bref, ce qui laisse un accès presque permanent à la nourriture. Ce n’est pas la seule espèce dans ce cas. Toutes ces observations scientifiques sont précieuses pour étudier à quel point toutes nos émissions de gaz à effet de serre impactent la biodiversité.
Un oiseau pyromane !
Quand les aborigènes contaient que le milan noir était capable de propager les incendies de forêts en Australie, les scientifiques ne les prenaient pas toujours au sérieux : encore une légende… Jusqu’au jour où des ornithologues ont voulu en avoir le cœur net. Après 6 ans d’observation, ils se sont aperçus que non seulement le milan, mais aussi deux autres espèces de rapaces locaux, étaient capables de prendre au sol des brindilles enflammées ou des tisons pour les déplacer jusqu’à 1 kilomètre plus loin. Leur objectif ? Mettre en difficulté les petits animaux forestiers et dégager des zones pour un meilleur accès à la nourriture. Cette étude a été publiée fin 2017 dans la revue Journal of ethnobiology.
Photo © CPIE MO
Protéger les zones humides
Comme tous les rapaces, le milan noir est protégé. Il est notamment sensible aux empoisonnements de rongeurs. Le pire qui pourrait lui arriver serait que nos zones humides disparaissent. Fort heureusement, sur le territoire, des politiques ambitieuses de préservation des marais sont engagées, pour le bien du milan noir et d’innombrables autres merveilles.
Pour en savoir plus :
Observatoire des rapaces (LPO) : http://observatoire-rapaces.lpo.fr/index.php?m_id=20064
Vidéo suisse « minute nature » : ci-dessous
Livre Les oiseaux du Poitou-Charentes (Poitou-Charentes Nature, 2015)
Cette fiche est réalisée par CPIE Marennes-Oléron
05 46 47 61 85 - 111 route du Douhet - 17840 La Brée-les-Bains - www.iodde.org
Avec le soutien de naturalistes de Marennes-Oléron
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