Sommaire du journal N°105 - Juillet/Août 2010

Chers lecteurs,

L'analyse de Xynthia nous ramène à une réalité toute simple : c'est parce qu'on n'a pas entretenu les ouvrages destinés à empêcher la mer d'envahir les terres qu'on en est arrivé à un tel drame. Parce qu'un tel phénomène ne s'était pas produit depuis longtemps, on a perdu la mémoire du risque que nos ancêtres, habitués aux aléas de submersion, avaient en tête en permanence. Car le phénomène de Xynthia, même s'il est rare, n'est pas inédit : un historien a étudié 500 cas de vimers sur le littoral de Charente-Maritime entre 1500 et aujourd'hui.
Telles sont quelques-unes des conclusions d'un colloque, qui s'est tenu il y a quelques jours à Poitiers et dont on lira un résumé dans ce journal.
La perte de mémoire peut aussi affecter des évènements plus récents. C'est ainsi que Xynthia, en bouleversant la plage de Grand-Village, a mis au jour 80 m3 de pétrole brut enfouis sous le sable. Personne, parmi les élus locaux, ne semblait se souvenir qu'en 1967, à la suite du naufrage du Torrey Canyon au large des côtes britanniques, où 120 000 tonnes de brut s'étaient échappées, l'armée avait dissimulé le pétrole sous le sable. Les soldats avaient, comme on le faisait autrefois dans les maisons mal tenues, planqué la poussière sous le tapis ! Et depuis, on avait oublié – ou occulté – ce secret honteux. On a aujourd'hui les moyens qu'on n'avait pas à l'époque et la plage a été promptement, et discrètement, dépolluée...
Le passage de Xynthia a aussi éventré, à Saint-Trojan, une décharge qu'on n'a pas encore dépolluée, faute de financement, et des débris de verre se sont dispersés sur une partie de la plage.
On mesure, là encore, la somme des erreurs commises dans le passé en tolérant ces décharges. Et comme dans bien d'autres domaines, où l'on a négligé trop longtemps les effets des pollutions en tous genres, on n'a pas fini d'en payer le prix !