Ile d'Oléron - N°127 - Mars-Avril 2014

Tempêtes, oiseaux morts, pollution… L’île à nouveau touchée

Gros coups de vent dévastateurs, oiseaux qui s’échouent en masse ou meurent sur les plages et arrivages de boulettes d’hydrocarbures… l’année commence mal sur l’île d’Oléron qui doit faire face sur tous les fronts.

«On pourrait penser que cela ne sert à rien ou en tout cas à pas grand-chose, que c’est une goutte d’eau. C’est vrai mais c’est aussi important de le faire tout de même, ne serait-ce que pour la symbolique, parce que cela fait partie de notre mission et ne serait-ce surtout pour le peu d’oiseaux que nous allons remettre sur pied. Peu seront certainement relâchés mais c’est une belle action et elle a le mérite d’exister.» Christian  Bavoux, responsable du  centre de sauvegarde du Marais aux oiseaux, l’unique en Charente-Maritime, est bien conscient que sur près de 300 oiseaux recueillis depuis la fin du mois de janvier au Marais aux oiseaux, peu sortiront vivants d’ici. D’ailleurs, les chiffres parlent cruellement d’eux-mêmes. Par exemple, sur les 88 macareux accueillis, 74 sont déjà morts. Même chose pour les guillemots : mi-février, ils n’étaient plus que 100 sur les 176 amenés au centre soit par des particuliers soit par les bénévoles du réseau oiseaux blessés 17 mis en place par la LPO. On peut ainsi multiplier les exemples avec la seule mouette tridactyle survivante sur les sept amenées ou bien encore l’unique pingouin torda rescapé sur les deux amenés… «A la suites des forts et fréquents coups de vent, les oiseaux qui sont amenés ici sont épuisés et surtout dénutris. Pour beaucoup ils n’ont pas pu pêcher depuis longtemps, d’où leur état de faiblesse. La plupart meurent dans les heures qui suivent leur arrivée.» Pourtant le personnel ne compte plus ses heures depuis le début de ces arrivages à répétition. Dès leur arrivée, les oiseaux sont engraissés puis lavés pour permettre d’imperméabiliser leur plumage. «Il faudra beaucoup de temps avant de relâcher les plus vaillants, reprend Christian Bavoux, on compte entre dix à quinze jours si la météo est favorable.»

Les oiseaux recueillis au centre ne représentent qu’une infime partie de tous ceux retrouvés morts sur le littoral de la Charente-Maritime. Plus de 8 000 auraient été comptabilisés. Fragilisés par la tempête, ces oiseaux subissent une double peine lorsqu’ils s’échouent sur les plages avec la présence, depuis la mi-février, de boulettes, plus ou moins importantes, d’hydrocarbures. Pour parer au plus pressé, les communes de Saint-Denis, Saint-Georges, Saint-Pierre, Dolus et Grand-Village ont dépêché sur place leurs employés municipaux chargés de ramasser ces boulettes. Des associations locales sont venues prêter main forte. Chaque commune stocke alors ces hydrocarbures qui seront pris en charge par la communauté de communes qui les acheminera vers le centre de traitement de Bassens. «Les agents de la communauté de communes ont donné un coup de main pour le ramassage, explique Patrick Moquay, président de la CdC. Normalement, c’est aux communes de gérer le traitement de ces déchets sauf si l’Etat décide que vu l’ampleur du phénomène elle prend le relais. Nous n’avons pas de nouvelles de ce côté-là. La communauté de communes a décidé de mettre ses contacts au service des communes en s’occupant du traitement. Nous attendons les devis pour savoir si elle prendra à sa charge la totalité de cette dépense ou si elle fera appel aux communes.» 

Le fonds Polmar a été déclenché

Finalement le 5 mars, la préfète a annoncé que le fonds Polmar serait déclenché pour aider les communes sinsitrées à financer le ramassage et le traitement des déchets d’hydrocarbures. En attendant, la plupart des communes ont pris des arrêtés municipaux interdisant l’accès aux plages. «Mais les pancartes sont quasiment systématiquement enlevées, regrette Patrick Moquay. Cette pollution tombe bien évidemment très mal en période de vacances scolaires.» Alors que les vacanciers se désolent, les scientifiques, eux, s’interrogent sur l’origine de la pollution. Le Centre de documentation, de recherches et d’expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE), basé à Brest, a réalisé des analyses sur les boulettes prélevées sur l’ensemble du littoral atlantique. «Si nous n’avons pas encore de réponse précise, nous savons d’ores et déjà que tous les échantillons analysés – qu’ils viennent de Bretagne ou des côtes charentaises – sont issus de la même source de pollution. Le produit, faiblement dégradé, n’a pas séjourné longtemps dans l’eau, ce qui exclut donc l’hypothèse d’une poche de mazout enfoui émanant de l’échouage de l’Erika ou du Prestige.» Comme les spécialistes expliquent que cela ne provient pas, non plus, d’un dégazage sauvage, alors les élus oléronais qui ont ramassé plus d’une tonne de boulettes d’hydrocarbures, s’interrogent. «J’espère que des analyses complémentaires vont être réalisées pour permettre d’affiner les conclusions. Il s’agit peut-être d’une fissure dans la coque d’un bateau qui serait passée inaperçue.» 

Parallèlement, les communes ont également à gérer les conséquences des différents gros coups de vent qui sont arrivés depuis le début de l’année. La Brée, Saint-Trojan, Grand-Village et Dolus ont particulièrement souffert avec d’importants dégâts sur leurs plages. Un recensement par le Département et les collectivités locales des dégâts constatés sur le littoral a été réalisé dès le 6 janvier et des travaux d’urgence ont été lancés sur 25 sites sur l’ensemble du département. Pour Oléron, le Département est intervenu sur la Grande plage de La Brée et à la Perroche à Dolus, notamment. Au 31 janvier, hormis aux Placelles à Saint-Georges dont les travaux devraient commencer prochainement, les objectifs de protection étaient atteints. Plus de 3,3 M€ ont été engagés dans les travaux où le Département est maître d’ouvrage, 560 000 € de travaux sont prévus par les communes et communautés de communes. L’Etat confirmant sa participation aux travaux d’urgence à hauteur de 30 %. 

Depuis le 27 janvier, les entreprises œuvrant dans Oléron sont confrontées à une pénurie de blocs d’enrochement provoquant des perturbations dans l’avancement des travaux.

 

Commentaires des internautes
Grandsart - le 16/07/2019 à 08:15
Bonne vacances bien venus sur les plages de l'île d'Oleron bon bien respiree le bonne haïr 2019!
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Réponse des responsables du théâtre d’Ardoise à la présidente de la SPPIO, suite à l’article du Journal des propriétaires n° 130 de septembre/octobre 2014

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