Savoir bien pêcher avec Iodde
Alors que l'assocation Iodde a reçu le prix Faune du National Geographic Chanel, elle poursuit, cet été, sa campagne d'informations pour apprendre la réglementation aux pêcheurs à pied amateurs.
«C’est une vraie
reconnaissance du travail effectué sur le terrain par
l’association.» Jean-Baptiste Bonnin, coordinateur
de l’association Iodde, présidée par
Nicolas Seguin, ne cache pas sa satisfaction d’avoir
obtenu le prix Faune du National Geographic Chanel des mains
du ministre d’Etat à l'Environnement, Jean-Louis
Borloo. L’association a déjà
été élue coup de cœur 2008 de la
fondation Nature & Découvertes. Et cela pour
l’ensemble du travail effectué depuis octobre
2004.
A l’origine, Iodde est née d’un groupe de
personnes adhérant au conseil de développement qui
souhaitait mettre en œuvre des actions concrètes en
matière de développement durable et de protection de
l’environnement. Une des premières initiatives a
été de s’intéresser aux
conséquences de la pêche à pied.
«Nous voulions sortir du "on dit ", du "les touristes
ravagent tout". Nous avons donc commencé par une importante
étape de diagnostic. Quelque 1 200 interviews de
pêcheurs et examens de pêche ont été
réalisés.» Le programme «REVE»
(reconquête et valorisation des estrans) a été
engagé pour rechercher des solutions de développement
durable à la problématique de pêche à
pied récréative. Sur les estrans de Marennes
Oléron, cette activité a beaucoup
évolué en quelques générations.
D’une pêche traditionnelle de subsistance, très
ancrée dans l’identité locale, on est
passé à une activité de loisir grand public
avec une population de passage qui ignore souvent les rudiments
de fonctionnement des
écosystèmes. Plusieurs alertes ont
été émises par les pêcheurs locaux
qui constataient une diminution des ressources et une
multiplication de comportements inadéquats.
L’objectif était de faire un point sur la
pression de pêche et ensuite un diagnostic de
l’estran rocheux. Une thèse a été
lancée dans ce but. «Très vite, sur le
terrain, nous nous sommes aperçus du déficit
d’information. Les personnes ignorent la
réglementation et donc les fonctions de respect du
milieu naturel. D’où notre souci
d’être présent avec des outils
pédagogiques comme la mesure pour les poissons ou bien
encore un dépliant explicatif, disponible dans les
offices de tourisme.» Les personnels des offices de
tourisme ont également été formés
pour alerter les pêcheurs amateurs sur les règles
à respecter. L’association travaille actuellement
sur la réglementation. «Notre objectif est de
l'adapter pour aller vers une gestion durable de
l’estran. La finalité n’est pas
d’embêter les touristes mais de permettre à
tous de pêcher dans les règles de
l’art.»
Une expérience sur l'île de Ré
Pendant la période estivale, l’association finira son diagnostic sur l’impact de la pêche à pied et va axer sa communication sur le fait que l’on peut découvrir les animaux et l’estran sans pour autant tout ramener à la maison… pour le jeter dans la poubelle. «Nous seront présents sur les plages et allons essayer d’évaluer cette communication. Notre objectif final est d’être transposable à d’autres côtes françaises. Nous avons d’ores et déjà été sollicités par l’île de Ré. Globalement les pêcheurs sont favorables à notre action. Ils ont bien compris que s’ils ne pêchaient pas les petits poissons ils auraient la possibilité, à terme, d’en trouver des plus gros.»
Les chiffres 2007
Pêcheurs à pied
79,3% d’hommes. Globalement
routiniers, 75 % ne fréquentent qu’un seul site.
10% habitent le pays Marennes Oléron, 45% la
région. 25% viennent à la journée, 25 %
ont une résidence secondaire. 85 % ignorent la
réglementation. 42 % des pêcheurs
d’étrilles remettent les roches en place. 99% des
pêches de palourdes contiennent des infractions à
la maille. Chacun va à la pêche à pied en
moyenne trois fois par an. Un pêcheur sur deux a choisi
Marennes Oléron pour ses estrans et la pêche.
Fréquentation
Environ 185 000 séances de pêche dont 80 000 sur les roches, 55 000 sur les vases et 55 000 sur les sables, soit environ 70 000 pêcheurs différents.
Prélèvements
500 000 étrilles (45 tonnes environ). 150 tonnes de palourdes dont 20% maillées. 42 tonnes de coques
Zone de reconquête
Dans le cadre de son travail, l’association Iodde a obtenu un arrêté préfectoral pour l’autorisation d’exploitation de cultures marines dans la zone de Chassiron. «Il s’agit d’une zone de reconquête, explique Jean-Michel Bonnin, où toute pêche à pied est interdite pendant trois ans entre l’écluse des Jeunes pointes et l’écluse la Vieille Longe.» Dans le cadre du programme reconquête et valorisation des estran qui vise à mettre en place les conditions d’une pêche à pied durable pour tous, une thèse est menée sur la biodiversité de l’estran rocheux oléronais, la capacité de régénération de l’estran, l’impact des retournements de pierres par les pêcheurs sur le milieu naturel et les populations d’étrilles. Ce projet est financé par les Conseils régional et général et la fondation Nature & Découvertes.
Photos : Philippe Fontenau / Iodde