Livres
L’éditeur Glénat a publié une série de livres très intéressants dans une collection intitulée « Une histoire… ». Celui qui nous intéresse aujourd’hui traite des courses au large. Ce n’est pas une encyclopédie sur le sujet. D’ailleurs, Charlotte Mery, l’autrice, précise en préambule : « Ce livre n’a d’autre ambition que de faire voyager le lecteur à travers une multitude d’histoires et d’anecdotes. » Ce qui est déjà très bien, et il y a de quoi faire avec les nombreux récits de courses au large. Il y a les premiers héros, dont Joshua Slocum qui réalise le tour du monde sur un vieux bateau de 11 m. En France, Alain Gerbault est le premier à s’aventurer en mer en solitaire. En 1923, il traverse l’Atlantique à destination de New York, en 101 jours, sur un voilier de course de 11 m également. Il revient en France en héros : c’est le premier homme à avoir traversé cet océan d’est en ouest. En 1925, la course du Fastnet est la première course britannique. En 1943, Vito Dumas réussit un tour du monde à la voile, en solitaire, par les trois caps – Bonne-Espérance, Horn et Leeuwin – sur un bateau de 9,50 m dans des vagues parfois deux fois plus hautes que la taille de son bateau… Le 19 juin 1964, Eric Tabarly devient célèbre en gagnant la Transat anglaise, ralliant Plymouth en Angleterre à Newport aux Etats-Unis en un temps record de 27 jours et 3 heures, sur Pen Duick II. Naissance de deux mythes : une série de bateaux légendaires et un marin exceptionnel. Sont également contés l’incroyable première édition de la Golden Globe Race en 1969 et ses multiples rebondissements. On suit ainsi l’évolution des courses, les bateaux qui vont de plus en plus vite, l’équipement et les matériaux qui se modernisent, les règles de sécurité plus strictes après les drames. On retrouve Alain Colas, Peter Blake, Ellen MacArhtur, Florence Arthaud, Isabelle Autissier, Michel Desjoyeaux, la Route du Rhum, le Vendée Globe… Chaque sujet est magnifiquement illustré, traité de manière courte et synthétique et se lit avec beaucoup de plaisir.
Une histoire des courses au large, Charlotte Mery, éd. Glénat, 192 pages, 25,95 €
Jean-Benoît Héron, un des deux auteurs de ce livre, est un illustrateur dont on apprécie le travail au fil de ses ouvrages. Avec l’aide de Parick Benoiton pour les récits, ils reviennent sur ces phares célèbres ou moins connus qui voient passer des courses ou des régates mythiques et qui sont « les témoins des périples les plus fous ». « Ils préviennent des dangers affleurant de la terre. […] Marques de parcours évidentes, témoins indicateurs de classement ou simples repères lointains, ces bâtisses lumineuses témoignent des exploits aventureux et sportifs des coursiers des mers », indiquent les auteurs pour présenter ce beau livre au thème original. On part à la découverte de phares du monde entier que les coureurs des mers croisent lors de leurs périples. On apprend que le phare de Kalaupapa, construit en 1906 à Hawaï, est la plus grande tour de l’archipel qui marque l’arrivée de la Transpacifique au départ de Los Angeles. Le phare de Skellig Michael, qui voit passer les concurrents de la Round Britain and Ireland Double, est situé sur une île irlandaise qui a servi au tournage de Star Wars. Un magnifique dessin en double page évoque la vie quotidienne des habitants du phare sur cette paroi rocheuse abrupte et hostile au bord de l’océan. Sur le tracé de la Transat anglaise, reliant l’Angleterre aux Etats-Unis, on croisera Wolf Rock, le premier phare qui accueille une plateforme pour hélicoptères. On apprend que cette course mythique, une des plus anciennes au monde, a établi un règlement afin de limiter la taille des bateaux à 17 m, et la domination française, en 1980. En 1976, Eric Tabarly avait gagné pour la seconde fois à bord de Pen Duick VI, monocoque de 22 m.
Des textes passionnants, des dessins précis et nombreux, cet ouvrage est indispensable aux amoureux des phares et des aventures en mer.
Des courses et des phares, Jean-Benoît Héron et Patrick Benoiton, éd. Glénat, 144 pages, 30 €
L’éditeur Paulsen sort une nouvelle version (première édition en 2013) du récit du Britannique Ernest Shackleton, parti avec une vingtaine d’hommes à l’assaut de l’Antarctique sur l’Endurance, un trois-mâts en bois. Il est accompagné des clichés impressionnants du photographe qui l’accompagne, Frank Hurley. L’aventure se déroule à partir d’août 1914. L’expédition a pour but d’atteindre le continent Antarctique via le pôle sud. Mais tout ne se passe pas comme prévu et, au-delà du 70e parallèle, les glaces se referment sur le bateau en janvier 1915 qui va lentement dériver pendant neuf mois puis se briser et sombrer en octobre de la même année après que l’équipage ait évacué le navire. Sur un canot de sauvetage, Shakelton et quelques marins partent chercher des secours afin de rapatrier tout le monde. Ils atteignent la Georgie du Sud après avoir passé le détroit de Drake et ses quarantièmes rugissants. Plusieurs tentatives seront ensuite nécessaires pour récupérer l’équipage complet, en août 1916. Le récit original est donc accompagné des photographies de l’Australien Frank Hurley qui apportent une documentation et une illustration exceptionnelles à un récit extraordinaire. Le format de ce beau livre ainsi que la qualité du papier et de l’impression mettent en valeur ces incroyables photographies.
L’Endurance 1914-1917, Ernest Shackleton et Frank Hurley, éd. Paulsen, 298 pages, 39,90 €
Un des plus grands photographes de surf au monde, Chris Burkard, raconte ses aventures autour du monde et les coulisses de certaines photos emblématiques. On le suit d’abord en Californie, là où il est installé, à ses débuts, quand il achète des pellicules périmées pour les payer moins cher. En 2006, débarrassé de tout superflu, il part 50 jours sur la côte californienne. Dans un van, avec un ami, ils arpentent les spots de surf dans un vieux Combi jusqu’au Mexique. Ce moment marquera le début de nombreuses aventures à travers le monde, à la recherche d’endroits reculés pour réaliser les plus belles photos. Cette envie d’exploration se déplace vers les régions froides. « Il me semblait que plus c’était difficile, plus la récompense serait belle », indique Chris Burkard. Direction le Canada et l’Islande, de 2007 à 2009. La découverte de ces endroits sauvages et reculés, loin de toute sur-fréquentation touristique, devient une obsession. Viennent ensuite le Chili puis la Russie, de 2009 à 2010, et le Japon, la Norvège… Les paysages sont à couper le souffle, les photos de surf souvent impressionnantes. Le photographe surfeur fait le récit de ces aventures au plus près de la nature, souvent hostile, et donne même des conseils sur le choix de son matériel photographique, les focales utilisées, la technique de prise de vue d’une aurore boréale… On vit par procuration cette vie exaltante d’aventurier hors normes. Passionnant, un livre coup de cœur.
Objectif surf, Chris Burkard, éd. Glénat, 320 pages, 35,95 €
Dans le même esprit, mais dans un genre encore plus extrême, un autre très beau livre de photographe aventurier est sorti chez le même éditeur. Il s’agit de l’ouvrage regroupant 200 clichés de Jimmy Chin mettant en scène certains des plus grands moments de l’alpinisme et de l’escalade dans le monde entier : des photographies vertigineuses sur papier glacé dans des conditions parfois difficiles depuis des points de vue incroyables. L’ouvrage, magnifiquement réalisé, est époustouflant !
Jimmy Chin photographe de l’extrême, éd. Glénat, 320 pages, 45 €
On peut retrouver le trait précis du dessinateur Jean-Yves Delitte dans un nouvel album de la collection Les grandes batailles navales (JdP n° 154 et 175). Au milieu du xviiie siècle, la guerre maritime entre Français et Anglais fait rage. Au large des côtes de la Bretagne, la bataille des Cardinaux sera une humiliante défaite pour la marine royale française.
Les dessins réalistes de l’auteur nous plongent dans cette aventure maritime qui fut terrible. L’ouvrage est complété d’un dossier historique comprenant des documents d’archives.
Les Cardinaux, Jean-Yves Delitte, éd. Glénat, coll. Les grandes batailles navales, 56 pages, 15,50 €
Les férus d’aventure, de patrimoine, d’histoire et de randonnée peuvent découvrir le beau livre Chemins d’histoire. On y trouve les parcours vers Saint-Jacques-de-Compostelle depuis la France, dont la voie de Tours passant par Aulnay, Saint-Jean-d’Angély, Saintes, Pons, Mirambeau… mais aussi depuis l’Espagne et le Portugal, et les chemins sacrés et autres tracés mythiques (Stevenson, saint Martin…). Que ce soit en France ou en Europe, les 25 itinéraires sont illustrés de belles photos et expliqués étape par étape avec l’aide d’un tracé.
Chemins d’histoire, Sylvain Bazin, éd. Glénat, 192 pages, 35,95 €
Si le classement du phare de Cordouan au patrimoine mondial de l’Unesco l’an passé pour sa « valeur universelle exceptionnelle » a augmenté sa fréquentation touristique, il a aussi multiplié les ouvrages qui lui sont consacrés. Parmi ceux-ci, on retiendra celui d’Alexandrine Civard-Racinais qui avait écrit l’excellent Guide de l’estuaire de la Gironde en 2018. En 48 pages, l’autrice fait le tour très complet du sujet, illustré de nombreuses photos. Elle revient sur sa nécessaire édification dans le plus grand estuaire d’Europe, très dangereux. « Au XVIIIe siècle, sept à huit navires sombraient encore chaque année en tentant d’y entrer ou d’en sortir. » C’est Henri III qui demande à l’ingénieur architecte Louis de Foix de construire un nouveau phare sur l’îlot de Cordouan en 1582. Les difficultés d’une telle édification en milieu marin hostile sont immenses. L’ouvrage est finalement livré en 1611 à Louis XIII, bien après la mort de Louis de Foix (1603). L’ingénieur Joseph Teulère a la mission de rehausser le phare entre 1788 et 1790 pour atteindre, avec sa silhouette qu’on lui connaît aujourd’hui, 67,50 m. Les récents travaux de restauration extérieure et de rénovation intérieure permettent de profiter de cet édifice exceptionnel avec l’appartement du lieutenant du roi, l’appartement du roi, la chapelle royale ou encore la salle de veille au sixième étage.
Pour aller plus loin sur le sujet des phares, deux autres auteurs, Hubert Sion et David Remazeilles, présentent La route des phares de Gironde. Après un chapitre sur le rôle et l’histoire des phares, sémaphores, balises, bateaux-feux et amers, les auteurs passent en revue les principaux phares de la pointe du Médoc, depuis l’estuaire de la Gironde en commençant par « le roi des phares et phare des rois » Cordouan (32 pages lui sont consacrées) mais aussi les phares de Grave et Saint-Nicolas (Le Verdon), puis côté mer avec les phares d’Hourtin et du Cap Ferret, et côté fleuve avec les phares de Richard (Jau-Dignac-et-Loirac), Trompeloup (Pauillac) et Patiras (Saint-Androny), soit une belle balade dans le Nord-Médoc.
Deux jolis petits livres très intéressants agrémentés de belles photos et de documents historiques pertinents.
Le phare de Cordouan, Alexandrine Civard-Racinais, éd. Sud Ouest, 48 pages, 9 €
La route des phares de Gironde, Hubert Sion et David Remazeilles, éd. Sud Ouest, 96 pages, 15 €