Livres
Tout sur la Seudre
Voilà un ouvrage collectif qui aborde la Seudre sous tous les angles de manière encyclopédique. On y pioche, au fil des pages, plein d’informations sur ce fleuve côtier qui traverse 26 communes, toutes en Charente-Maritime, pour se jeter dans l’Atlantique, face à l’île d’Oléron, formant un grand estuaire.
On peut consulter le livre en choisissant une page au hasard. Ainsi à S, comme source, on apprend qu’au xviiie siècle l’origine du fleuve était située sur la commune de Plassac, alors que les études actuelles la situent à Saint-Genis-de-Saintonge. À M, c’est l’occasion d’en savoir plus sur le château de Chatellars, à Meursac, « l’un des plus beaux châteaux de la Seudre continentale, laquelle alimenta les douves creusées au xvie siècle ». Les communes traversées sont décrites, ainsi que les paysages (salines, zones humides...), les activités (ostréiculture, tourisme, thermalisme...), la faune (anguilles, oiseaux...), la flore (yeuses, flore des marais...), la gastronomie (jonchée, éclade...). S’intéresser à la Seudre c’est découvrir le département de la Charente-Maritime autrement, entre terre et mer, entre eau douce et eau salée. Un beau livre, bien illustré, qui se termine sur des chroniques de spécialistes (protestantisme, naufrages, ostréiculture...), des entretiens (Jean-Pierre Tallieu, Patrick Caillé...) et des extraits de textes d’écrivains (Victor Hugo, Pierre Loti...).
La Seudre dévoilée, collectif sous la direction de Michel Guillard, éd. François Baudez, coll. Inventaire des territoires, 288 pages, 30 €
Comprendre la montée des eaux
Aborder le problème de la montée des eaux due au dérèglement climatique par les anecdotes et l’humour sont deux des angles donnés par les auteurs de ce livre. Le troisième angle, l’analyse scientifique, est apporté par le professeur en géologie marine à l’université de La Rochelle Eric Chaumillon (voir JdP n° 40 et 78). Le résultat est original : ce petit livre qui aborde un sujet grave est agréable et facile à lire, tout en étant scientifique dans son analyse. Le livre s’ouvre sur l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, les mouvements des plaques terrestres qui influent sur le niveau plus ou moins important de la montée des eaux, puis le phénomène de submersion lors des tempêtes. Les solutions naturelles sont aussi abordées : permettre la sédimentation des côtes pour ralentir l’élévation du niveau marin, préserver les zones humides qui piègent le carbone et limitent la montée des eaux. On apprend plein de choses. Ainsi, sur les 7 000 km2 en zone à risque de submersion en France, 56% sont sur la façade atlantique. Par ailleurs, l’homme aggrave l’élévation relative du niveau marin en pompant les fluides souterrains ou en bloquant les apports sédimentaires. Mais on s’aperçoit que des solutions se trouvent dans la nature, si on sait l’observer, l’analyser et la préserver. Et pour ne rien gâcher, les anecdotes de Mathieu Duméry sont instructives et drôles, et les dessins de Guillaume Bouzard sont efficaces et percutants. Un livre dense et amusant.
Hé… La mer monte ! Chronique d’une vague annoncée, Eric Chaumillon, Mathieu Duméry et Guillaume Bouzard, éd. Plume de carotte, 112 pages, 19 €
Le tour de la Pallice
Le port de La Rochelle tient une place importante dans le paysage charentais-maritime. Un journaliste du quotidien Sud Ouest, Philippe Baroux, et un photographe rochelais, Jean-Michel Rieupeyrout, s’associent pour lui rendre hommage dans ce beau livre. Et c’est non seulement une immersion dans le port, comme indiqué dans le titre du livre, mais aussi un voyage dans son histoire qui débute il y a 130 ans. Elle commence le 19 août 1890 quand le président Sadi Carnot « inaugure à 5 km du centre-ville un nouveau bassin de commerce creusé dans un ancien marais ». Les cartes postales de l’époque montrent tout le faste déployé pour cette inauguration en grandes pompes de cet équipement moderne. Il reste le seul port en eau profonde de la façade atlantique qui peut recevoir les gros navires de commerce quel que soit le niveau de la marée. Malgré cela, il est prévu d’augmenter la profondeur des accès d’ici 2025 afin de pouvoir accueillir les cargos de plus en plus gros.
Au tout début du xxe siècle, de l’activité portuaire va naître une activité économique terrestre à la Pallice, raffinerie de pétrole, usine d’engrais ou encore filature de chanvre dont « les balles de jute arrivent alors des Indes par bateau ».
Les auteurs font ensuite découvrir la vie du port aujourd’hui : la capitainerie, le travail des pilotes, l’activité du premier silo français en bord de quai, les tâches des dockers – activités essentiellement masculines où quelques rares femmes se font remarquer.
Un bel ouvrage pour mieux comprendre le fonctionnement et l’histoire de ce port qui accueille près de 10 000 marins de 70 nationalités différentes chaque année.
La Rochelle – Immersion dans le grand port, Philippe Baroux et Jean-Michel Rieupeyrout, éd. Sud Ouest, 144 pages, 24,90 €
Juillet/Août 2024
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