Livres - N°140 - Mai/Juin 2016

Livres

Retour dans les années 50

Après son livre Se souvenir d’Oléron, qui remontait au début du xixe siècle, Philippe Couteau, bien connu sous le nom de Bilout, consacre un nouvel ouvrage à l’histoire de l’île, dans les années 50 cette fois-ci.

Ce beau livre regroupe de très nombreuses photos d’époque (brutes, non retravaillées), évoquant un temps où les téléviseurs étaient rares et les distractions se faisaient entre amis ou lors de fêtes de village. «Tout se passe dans la rue, à la plage et dans les bois», indique l’auteur. On y découvre une agriculture où le cheval de trait est encore bien présent, l’ostréiculture, qui compte 3 500 professionnels, utilise encore pieux d’ardoise et tuiles comme capteurs pour les naissains d’huître et la saliculture occupe encore quelques professionnels. C’est aussi l’époque où, après la guerre, les touristes reviennent sur les plages. On vient s’y baigner, mais aussi voir un défilé de carrioles traditionnelles, observer un avion qui vient d’atterrir, boire un verre dans un bar ou encore passer une soirée dans un blockhaus transformé en salle de concert. C’est aussi la grande époque des petits commerces : bouchers, coiffeurs, épiciers et même torréfacteur.

Le tout est agrémenté d’anecdotes nombreuses et souvent drôles distillées au fur et à mesure par Bilout.

Oléron années 1950, de Bilout, Geste éditions, 240 pages, 30 €

 

Témoignage oléronais

Michel Couillaud propose dans ce livre la biographie de son père, Marcel Couillaud (1885-1947), né sur l’île d’Oléron. En tant que capitaine de frégate, ce dernier a vécu les temps forts du xxe siècle.

L’auteur, d’origine auvergnate, est donc parti sur les traces de sa famille paternelle. Cela l’a amené à Sauzelle, où était la maison de son grand-père, et aux Allassins, la maison de ses parents. Marcel entre à l’école navale en 1903 et participe aux combats sur la côte Adriatique en 1916. Il est ensuite envoyé en Chine défendre les intérêts de la France dans les années 1930. Il parcourra le monde, jusqu’à sa retraite en 1940. 

Un petit bout d’histoire de France à travers l’hommage d’un fils à son père oléronais.

Marcel Couillaud, entre Oléron, le Yang-Tsé et l’Auvergne, de Michel Couillaud, Les Editions du Bord du Lot, 70 pages, 19 €

 

L’histoire de l’île

«Oléron est pour Thierry Sauzeau son île de cœur.» Ainsi commence la présentation de ce professeur d’histoire moderne à l’université de Poitiers dans l’article qui lui est consacré dans le numéro de printemps de la revue L’Actualité Poitou-Charentes. 

Cet éminent spécialiste du littoral charentais revient sur l’histoire de l’île – qui a commencé à se séparer du continent il y a 10 000 ans – dans un livre de poche très complet et documenté.

On y apprend qu’on trouve des traces de l’installation des hommes vers 2000 avant J.-C. à Cheray ou Ors. «Les premiers Oléronais vivaient proches de l’océan. [...] On présume que les premiers pièges à poisson, les écluses, sont nés dès cette époque.»

L’auteur nous raconte ainsi l’histoire cahotique d’Oléron et de ses habitants : les invasions barbares, la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, la Révolution, les guerres mondiales, le pont et la vision commune des huit municipalités à travers  la Communauté de communes depuis 1996.

Petite histoire d’Oléron, de Thierry Sauzeau, Geste éditions, 100 pages + cahier central de 16 pages d’illustrations, 9,90 €

 

Analyse de Saint-Trojan

Si Thierry Sauzeau indique en préambule avoir choisi l’orthographe actuelle pour Oléron – plutôt que Oleron – et Oléronais(e) – plutôt que Oleronnais(e) –, dans le livre de Sylvine Pickel-Chevalier, on lira Oleron, et Oleronais(e). Soit.

L’universitaire, originaire du nord de l’île, tente de vulgariser la connaissance scientifique auprès du grand public profane. On parle ici, dans des termes parfois abscons, de tourisme, et plus particulièrement de la commune de Saint-Trojan.

Le village, à l’extrême sud de l’île, était relativement isolé jusqu’à la seconde moitié du xixe siècle, entouré d’une mer dangereuse (le pertuis de Maumusson), une dune envahissante et des marais. La plantation d’une forêt, en 1832, viendra fixer cette dune menaçante et deviendra même un atout touristique à la fin du xixe siècle. A partir de là, des maisons bourgeoises au style ostentatoire se construisent, de préférence le long de la plage avec vue sur la mer. On en compte déjà 44 en 1899. L’auteur analyse ainsi le développement touristique de Saint-Trojan jusqu’à aujourd’hui. Le propos universitaire est allégé, en fin d’ouvrage, grâce à quelques photos récentes et cartes postales anciennes.

Une histoire touristique... Saint-Trojan-les-Bains, de Sylvine Pickel-Chevalier, éd. Le Croît Vif, 192 pages, 17,50 €

 
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