Les odonates en mouvement
Les odonates, littéralement « pourvu de dents » en grec ancien, se déclinent en deux familles : les zygoptères appelés couramment « demoiselles » et les anisoptères ou « libellules vraies ».
Les odonates ont deux phases de vie bien différentes et très déséquilibrées : une longue phase aquatique au stade larvaire (plusieurs mois à plusieurs années) et une courte phase aérienne au stade adulte dit « imago » (quelques jours à quelques semaines). En moyenne, 90 % du cycle de vie de la libellule se passe donc sous l’eau.
Comment se déplace une larve de libellule ?
Les larves de zygoptères agitent leurs branchies, situées à l’extérieur de leur abdomen, comme des nageoires pour se déplacer comme des poissons. Les larves d’anisoptères se déplacent en marchant mais se propulsent en avant en expulsant rapidement l’eau présente dans leur système respiratoire interne en cas de danger.
L’émergence ou la transformation d’une larve en petit hélicoptère parfait
Après un ou deux ans sous l’eau, au printemps, les larves quittent le milieu aquatique en grimpant sur une tige. Hors de l’eau, la peau de la larve se fendille et un imago émerge. L’émergence débute souvent le matin afin que les ailes aient le temps de sécher puis le tout jeune imago prend son envol !
Accouplement, ponte et incubation
La femelle choisit toujours son partenaire en fonction de la situation géographique de son territoire. À l’aide de sa pince anale, le mâle agrippe la femelle par l’arrière de la tête. Si consentante, cette dernière courbe l’abdomen pour s’accoupler ; les deux individus forment alors une roue ou un cœur copulatoire.
Selon l’espèce, la femelle lâche ses œufs en vol ou les dépose sur ou dans les plantes, sous l’eau ou en dehors. Les œufs peuvent entrer en diapause, état de dormance hivernale, afin d’attendre le printemps pour éclore.
La libellule, une prodigieuse chasseuse !
Avec un angle de vision de près de 360°, une vingtaine de pigments colorés et 200 images par seconde, la libellule peut repérer une proie à plusieurs dizaines de mètres.
Dotée de quatre ailes indépendantes, elle peut voler à reculons. Résistante aux chocs, elle peut assommer voire tuer ses proies en plein vol grâce à une vitesse de pointe de 70 km/h !
Les pattes des odonates, pourvues d’épines pointues, leur permettent de maintenir leurs proies en vol. Redoutables prédateurs des plans d’eau permanents, leurs larves se nourrissent des larves de moustiques encore immergées : un anti-moustiques efficace et naturel !
Déplacements orientés des odonates
Pour coloniser d’autres sites de reproduction, les odonates entreprennent des migrations de masse, coordonnées et orientées, vers le Nord ou vers le Sud selon les espèces, pouvant s’étaler sur plusieurs jours. Les migrations des insectes ne comprenant pas de voyage retour sont préférentiellement appelées « déplacements orientés ».
Observés principalement sur le littoral, ces déplacements orientés peuvent s’étaler sur plusieurs dizaines de kilomètres de large au-dessus de la mer, franchissant aisément estuaires et pertuis. Ainsi des milliers de Sympetrum (striolatum, meridionale* et sanguineum*) longent les côtes atlantiques durant les belles journées de fin septembre début octobre de la Vendée à la Gironde.
Sensible aux changements climatiques
Le climat joue un rôle décisif dans la survie des libellules qui ne supportent ni le gel des sites de développement larvaire, ni la sécheresse qui entraîne le réchauffement et l’assèchement des sites de reproduction.
Suite à la sécheresse du printemps et de l’été 2022, une absence de reproduction de Lestes macrostigma a été constatée sur la réserve naturelle de Moëze-Oléron. Cette espèce avait déjà disparu du continent où ses sites de reproduction avaient été submergés par la mer lors de la tempête Martin en 1999.
* Bien visibles grâce à l’abdomen rouge des individus mâles.
Photo © CPIE MO
Pour en savoir plus :
- Boudot J.P., Doucet G., Grand D., 2019 - Cahier d’identification des Libellules de France, Belgique, Luxembourg et Suisse - Deuxième édition. Biotope, Mèze, (collection Cahier d’identification), 152 p.
- Dijkstra K.-D., Schröter A., Lewington R., 2021 - Guide Delachaux des libellules de France et d’Europe - Delachaux et Niestlé, 336 p.
- Précigout L., Prd’homme E., Jourde, P., 2009 - Libellules du Poitou-Charentes - Edition Poitou-Charentes Nature, Fontaine-le-Comte, 255 p.
- Le guide nature Au Bord de l’eau, 2016. Edition La Salamandre. 166 p.
- https://mhnn.blogs.com/odonates/2005/11/enqute_sur_les_.html
- http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr
Différencier les zygoptères des anisoptères
Zygoptères ou « demoiselles » |
|
Anisoptères ou « libellules vraies » |
Fin et élancé |
Aspect |
Large et trapu |
Petits. Ne se touchent pas |
Yeux |
Gros. Se touchent |
Antérieures et postérieures identiques. Jointes au repos |
Ailes |
Antérieures plus étroites que les postérieures. Ouvertes au repos |
Régulier et cylindrique |
Abdomen |
Structuré, rarement cylindrique |
Cette fiche est réalisée par CPIE Marennes-Oléron
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Avec la contribution et les photographies d’Arthur Calladine