Le tourne-pierre à collier
Compagnon du pêcheur à pied, le tourne-pierre à collier s’observe quasiment toute l’année sur la côte de Charente-Maritime. Les populations d’oiseaux sont estimées chaque hiver ; ainsi ce sont 4 840 tourne-pierres dénombrés dans le département lors du comptage de 2020.
Appartenant aux oiseaux dits limicoles, c’est-à-dire qui aiment le limon (la vase), le tourne-pierre à collier se retrouve sur les plages, avec une préférence pour les bords d’estran rocheux, là où il y a des pierres à tourner...
Pour débusquer ses proies (crustacés, vers, insectes, etc.), sa technique est bien rodée : d’un mouvement sûr, il va placer son bec sous l’objet, le renverser d’un coup sec puis capturer la proie qui s’y croyait à l’abri. Il sait aussi fouiller le sable ou la vase, comme ses cousins limicoles, et peut même se nourrir de cadavres. Son nom scientifique est Arenaria interpres. Arenaria rappelle le sable, et interpres évoque « interprète », celui qui « retourne » les paroles.
Toujours bien entouré
C’est un oiseau sociable, qui se retrouve souvent en groupes allant de quelques individus à plusieurs dizaines, de la même espèce ou en mélange avec d’autres oiseaux limicoles, comme les bécasseaux sanderling (voir JdP n° 158) qui se nourrissent à peu près aux mêmes endroits.
L’avantage d’être entouré : dans ces groupes, il y a toujours un guetteur qui surveille les alentours.
Ce rôle passe d’un individu à l’autre : la responsabilité est répartie.
Ainsi, le groupe est toujours mieux protégé qu’un individu seul qui pourrait se laisser surprendre en plein repas par un épervier ou un faucon pèlerin. Ces rapaces guettent les groupes d’oiseaux en espérant que, dans la panique, certains aient moins de chance…
Pour vivre heureux, vivons cachés
Les ornithologues ont montré que lorsqu’ils sont bien cachés parmi les algues, les tournepierres ont un accès relativement tranquille à la nourriture mais avec un apport en nutriment qui est assez faible.
Ajoutons que les rapaces aiment bien se percher à l’affût dans la dune boisée, juste à côté, surveillant le petit manège des limicoles dodus et appétissants…
En revanche, les « puces de sable » (talitres – voir JdP n° 156) constituent une nourriture plus intéressante, abondante et facile à digérer, mais là où elles se trouvent, au milieu des plages en général, l’oiseau est nettement plus visible et donc plus en danger.
À chaque tourne-pierre de choisir sa stratégie : manger tranquillement et se contenter de peu, ou se remplir la panse en prenant plus de risques !
Grand voyageur
Cette espèce migratrice niche dans la toundra, près du cercle Arctique, sur les rivages de l’Alaska, du Canada et du Groenland, de Scandinavie et de Russie.
Les oiseaux n’y passent que le temps de la reproduction et repartent vite en voyage, dès la mi-juillet. En hivernage ou en migration, on peut donc les observer quasiment toute l’année, sur à peu près toutes les côtes du monde.
Les pertuis charentais accueillent une assez forte population de tourne-pierres. Certains proviennent du nord de l’Europe et font halte ici pendant leur trajet vers l’Afrique. D’autres sont des nicheurs américains qui font deux fois par an le voyage entre nos plages et celles du Groenland ou du Canada.
Photo © CPIE MO
Le saviez-vous ?
Parmi les limicoles, le tourne-pierre se reconnaît aisément à ses pattes orange vif, son bec court et son plumage contrasté. Son nom complet fait référence au grand collier sombre qu’il affiche sous le cou. Selon la saison, son plumage change : en fin de printemps ou en fin d’été, il arbore son plumage nuptial composé de couleurs vives et de beaux ornements roux. La tête se pare de barres noires et blanches. On peut l’admirer ici, parfois, aux intersaisons.
Pour en savoir plus :
La page « zoom nature » : www.zoom-nature.fr/le-tournepierre-a-collier-un-fin-analyseur-de-situations
La page « Migraction » : www.migraction.net/index.php?m_id=1517&bs=26
Comptage des oiseaux en Nouvelle-Aquitaine : fr.calameo.com/read/001485999815183b309bc
Cette fiche est réalisée par CPIE Marennes-Oléron
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