Le gravelot à collier interrompu
Ce petit échassier est très spécial. C’est l’un des rares oiseaux à nicher directement sur les plages, juste à la limite des grandes marées hautes, dans la laisse de mer ou en bas de la dune. Cette particularité lui vaut bien sûr quelques déboires : dérangement, écrasement par des gens ou des chiens… Sur nos plages très fréquentées, il a bien du mérite.
Le nid est rudimentaire : un léger creux, parfois entouré d’algues. La femelle y dépose généralement trois œufs. De couleur claire et mouchetée, ils se confondent avec le sable, tout comme la femelle d’ailleurs dont le plumage est nuancé de gris et de beige. Tout cela rend difficile leur repérage, aussi bien pour les prédateurs naturels (renards, goélands, corneilles...) que pour les hommes qui veulent les protéger ou au moins éviter de marcher dessus.
Entre avril et juin inclus, pendant trois mois donc, il convient de faire très attention. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) réalise un suivi des nichées. Cet oiseau protégé est en déclin un peu partout, du fait de ces dérangements, de l’érosion, de l’aménagement ou du nettoyage intensif de certaines plages.
En connaissant cette espèce, en sachant identifier les signes de sa présence, espérons que les usagers des plages auront à cœur de préserver sa nidification et son avenir.
Quel acteur !
Pour protéger son nid, sa première stratégie est donc le camouflage. Mais si la menace s’approche, les adultes essayent une autre technique : la diversion. Ils s’éloignent du nid et attirent l’attention, en faisant semblant d’avoir une aile cassée qui traîne sur le sable, en boitant et en criant. Tout prédateur va être attiré par cette proie facile. Quand il se rendra compte de la supercherie, il sera à bonne distance des œufs.
Si vous observez ce phénomène, c’est que vous êtes trop près d’un nid : stoppez net, éloignez-vous en passant par le côté où est la mer. Cela permettra à l’oiseau de retourner couver.
Des poussins nidifuges
La plage, c’est sympa, mais quand on est tout petit et qu’on ne sait pas voler, ce n’est pas un endroit sûr. Quelques heures seulement après leur éclosion, dès qu’ils peuvent monter sur leurs pattes, les poussins vont suivre les parents vers la dune où la végétation leur offrira plus de sécurité.
En général, si la nichée est détruite, une ponte de remplacement a lieu. Ainsi, la période de nidification peut s’étaler jusqu’à mi-juillet.
Photo © CPIE MO
Migrateur, mais pas toujours
La plupart des gravelots à collier interrompu passent l’hiver sur les bords de l’ouest de la Méditerranée, ou à l’ouest de l’Afrique du Nord, en Mauritanie par exemple. Avec le changement climatique, certains individus sont vus ici toute l’année. Ils peuvent trouver de quoi se nourrir : les petits invertébrés des plages et des estrans.
Dans notre secteur, on rencontre deux espèces proches, le grand et le petit gravelot (leurs colliers ne sont pas interrompus !). Les scientifiques ont d’ailleurs tendance à classer notre « GCI » avec les pluviers. À suivre !
Pour en savoir plus :
Une vidéo du Parc naturel du Morbihan : voir ci-dessous
Un article du Groupe ornithologique Normand (plan d’action GCI)
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