Le fourmilion, un lion pour les fourmis
Le fourmilion s’observe au gré des promenades. Avec son allure plutôt sympathique proche de celle d’une libellule, il n’en reste pas moins un véritable chasseur, capable de piéger astucieusement ses proies.
Voici encore une espèce dont le nom est évocateur. Pourtant, à l’état adulte, le fourmilion a plutôt l’allure sympathique d’une frêle libellule. Mais comme chez beaucoup d’insectes, c’est la larve qui vit le plus longtemps : environ deux ans. C’est aussi elle qui nous intéresse le plus... Sortie quelques instants du sable où elle vit, voici la larve ! Son corps est profilé pour s’enfouir. Sa puissante musculature permet à la tête de servir de pelle pour expulser les grains de sable.
Ce qui frappe également, ce sont ses mandibules, dont la morsure est fatale aux insectes qui s’approcheraient un peu trop. A force de coups de tête, méthodiquement en débutant du bord puis en terminant au centre, la larve creuse de petits cônes dans le sable. Elle choisit souvent l’abri d’un surplomb, un toit, ou sous un tronc d’arbre par exemple. Ces cônes d’environ 5 cm de diamètre sont des pièges très efficaces : les grains roulent inévitablement vers le fond. Et au fond, il y a la tête du fourmilion.
Lorsqu’un insecte s’aventure par mégarde sur la pente du cône, il est perdu. Il sent les grains se dérober sous ses pattes. Il a beau essayer de remonter, c’est presque impossible. La larve l’a déjà repéré, et va le bombarder de grains de sable pour le déstabiliser et le faire descendre plus vite. Il ne faut que quelques secondes pour aboutir à la morsure finale.
Une fois qu’elle a dévoré suffisamment d’insectes, la larve va devoir se transformer en adulte (on dit imago). Au fond de son trou devenu inutile, elle crée pour cela un cocon sphérique, recouvert de sable. A l’intérieur a lieu la métamorphose.
Une fois éclos, il faudra quelques heures à l’adulte pour étirer ses ailes et s’envoler à la recherche de l’âme sœur. Car c’est là sa principale fonction : donner naissance à de nouveaux petits monstres !
Un peu comme chez les araignées, les mandibules en crochets du fourmilion sont capables d’injecter un venin digestif dans sa proie, puis d’en aspirer le contenu liquéfié. La dépouille vidée sera ensuite rejetée, d’un grand coup de tête, hors du trou. Pendant la nuit, celui-ci sera réparé pour piéger une nouvelle victime. Logiquement, la plupart de ses proies sont des fourmis, nombreuses et marcheuses. D’autres insectes rampants peuvent faire l’affaire, parfois même des mouches étourdies.
Droit d’auteur !
Le piège du fourmilion a certainement inspiré l’auteur de Star Wars pour imaginer l’énorme Sarlacc, horrible monstre qui, tapi dans le sable de Tatooine, engloutit quiconque passe dans le périmètre de son cône-piège. Brrrrr ! Plusieurs jeux vidéos s’en inspirent aussi, paraît-il.
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