Ile d'Oléron - N°122 - Mai/Juin 2013

La maison médicale de garde déménage

 

Depuis son ouverture en juin dernier, la maison médicale de garde est installée dans l’ancienne buanderie de l’hôpital, à Saint-Pierre. Des locaux provisoires, réaménagés pour l’occasion, en attendant d’importants travaux d’adaptation dans d’autres bâtiments de l’établissement. C’était la proposition de départ, pour laquelle la CdC avait estimé un investissement de 410 000 €. Changement de programme. La structure d’urgence va finalement emménager au sein de la maison Phare, à deux pas de sa localisation actuelle, sur le site de l’hôpital. Dans ce bâtiment, construit par la CdC il y a cinq ans, travaillent différents organismes pour le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes. Un logement témoin compose également cette maison à étage. Des aménagements vont être réalisés pour accueillir la maison médicale de garde, qui devrait prendre possession des lieux fin juin : «Elle occupera le rez-de-chaussée, à l’exception d’un bureau. Il y aura trois salles de soins, un bureau pour l’infirmière, une salle d’attente et un accueil, explique Patrick Moquay, le président de la CdC. Cette solution répond aux conditions d’aménagement prévues au départ et les coûts d’investissement sont moindres car il s’agit d’une refonte d’un bâtiment et non d’engager un grand chantier.»            

Alain Le Roux, directeur de l’hôpital, se veut rassurant : «Il n’y a pas péril en la demeure, loin de là.» Dans un précédent article (JdP n° 120), il était question de l’avenir incertain de la maison médicale de garde. Des médecins furent mis en cause. «Estimant la rémunération en deçà de leur espérance, ils ont annoncé leur envie de se désengager du dispositif au risque de le mettre en péril», pour reprendre les mots de Patrick Moquay. Le docteur Françoise Rawlingson-Neau travaille pour cette structure. Cependant elle a arrêté, pour le moment, d’assurer des gardes. Les propos du président de la CdC l’ont fait bondir : «On s’est battus pour avoir cette maison médicale de garde, ce n’est pas pour la faire couler aujourd’hui ! Nous voulons assurer sa pérennité. Je souhaite simplement que le budget soit redistribué pour mieux payer les praticiens.» Actuellement, leur rémunération est composée d’une part fixe qui dépend de l’échelon hospitalier (l’ancienneté) et d’une part variable dépendant de l’équilibre économique de la structure. Cette dernière pourrait être située entre 0 et 65 % de la part fixe, or elle est de 27 %. «Nous avons demandé, au départ, à être payé au même tarif qu’un médecin généraliste régulateur du 15. Au final, avec ce système, nous sommes payés un tiers de moins. Se pose également un problème déontologique : la rémunération d’une profession de santé ne peut être basée sur l’équilibre économique d’un établissement. Aujourd’hui, aucun CHU ou CHR n’est à l’équilibre», poursuit le docteur. Françoise Rawlingson-Neau propose de «reventiler» les économies réalisées par ce centre de santé, grâce à son installation dans la maison Phare et à la diminution du coût de prise en charge des patients. «90% des personnes soignées sont rentrées chez elles sans aller à Rochefort, ni par leurs propres moyens ni en transport ambulanciers ou pompiers». Pour l’heure, selon la praticienne, seulement 9 médecins sur 14 continuent à assurer les gardes. Un désengagement jugé inquiétant. «Des représentants de la CPAM de Charente-Maritime sont venus visiter le centre de santé dernièrement. Ils ont reconnu que les objectifs ministériels étaient pleinement atteints  mais que la question de la pérennité de la structure se pose, notamment à cause de la modestie du salaire qui met en péril son fonctionnement», assure le docteur Philippe Causse, engagé dans la création de la maison médicale. «Certains médecins estiment que la rémunération n’est pas suffisante, c’est leur droit, répond Alain Le Roux. Elle est pourtant correcte et c’était fixé comme ça depuis le début. Mais le problème ne se limite qu’à quelques personnes qui sont assez isolées. Bien sûr, si nous avions deux ou trois médecins de plus, ce serait mieux. Néanmoins le service est assuré et la population semble très satisfaite. On va pas embêter les citoyens avec cette histoire de rémunération.»

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