Ile d'Oléron - N°89 - Novembre/Décembre 2007

Huîtres Marennes Oléron, un label européen

Mortalité supérieure à la normale dans les claires, obtention de l'indication géographique protégée, plan d'action jusqu'en 2013... François Patsouris, président de la section régionale, fait le point sur la campagne 2007 des huîtres Marennes Oléron.

 

ildo89-8a.jpgPour François Patsouris, président de la section régionale conchylicole, le bilan estival est mitigé alors même que les actions de promotion des huîtres Marennes Oléron vont être lancées en prévision des fêtes de fin d’année. «Nous avons passé un mauvais été. En fait, nous avons eu l’été au printemps et le printemps cet été. Cela a eu pour conséquence que les huîtres étaient prêtes à maturer très tôt. Avec le refroidissement des eaux, les phytoplanctons se sont développés en masse. Les huîtres se sont alors gavées de ce phytoplancton et elles n’ont pas pu alors lâcher leurs larves. A ce phénomène s’est ajoutée une eau pas assez chaude d’où un taux de mortalité important par rapport aux années précédentes.» Cette mortalité anormale a pour conséquence de faire baisser le tonnage espéré mais, si les huîtres sont moins nombreuses et plus petites, elles seront d’une qualité gustative exceptionnelle. «Cette mortalité importante a surtout été constatée sur les bancs de l’Amouroux, la casse et les sables de Ronce. Selon les endroits, il y a 20 % à 30 % de pertes. Malheureusement il n’y a rien à attendre au niveau des prix puisque la grande distribution fait la loi et que, face à cela, les ostréiculteurs n’ont pas le droit de faire des ententes de prix.»

 

La reconnaissance «qualité européenne»

 

Cette saison 2007 des huîtres Marennes Oléron va être marquée par l’obtention de l’IGP (indication géographique protégée). Cette reconnaissance «qualité européenne» vient couronner des années de travail de tout le bassin. Il s’agit non seulement de la reconnaissance de la qualité des huîtres mais aussi du caractère unique du territoire et de son savoir-faire. «Il s'agit d’une première dans le monde ostréicole. Actuellement, le dossier est toujours à Bruxelles mais, en attendant la décision finale, le gouvernement français a donné l’autorisation pour l’appliquer à titre transitoire. Cette IGP permet de conserver notre label rouge et donne la certitude aux consommateurs que les huîtres Marennes Oléron sont affinées sur place. Cette année, environ 35 000 tonnes partiront de nos claires avec cette certification.» A noter que les ostréiculteurs qui ne désirent pas entrer au groupement qualité Marennes Oléron et qui n’acceptent pas les contrôles peuvent commercialiser leurs huîtres sous leur propre nom. «Mais, reprend François Patsouris, je ne connais aucun producteur de champagne qui n’utilise pas cette appellation...»

ildo89-9c.jpgPour François Patsouris, l’ostréiculture est actuellement en pleine évolution. «Tout change dans notre profession, les personnes se regroupent, les bateaux sont plus grands… la conchyliculture évolue, nous devons suivre.» Une évolution qui a poussé la section conchylicole à établir un plan d’action jusqu’en 2013. Dans un premier temps, les handicaps et les atouts de la conchyliculture charentaise ont été listés. Pour les premiers, on note une dégradation des capacités nutritives et des équilibres biologiques du milieu naturel qui entraîne, entre autres, une baisse des performances d’élevage, un accroissement des coûts mais aussi une mortalité estivale anormalement élevée. Le poids croissant de la réglementation et des normes est également une menace tout comme le contexte économique peu favorable ou encore la réduction de la marge de manœuvre financière des entreprises. Selon le rapport, ces handicaps et menaces, qui pèsent sur la profession conchylicole en Charente-Maritime, lui otent pour l’instant toute attractivité et sont à l’origine du vieillissement de la population ostréicole et de la diminution constante du nombre d’exploitations. Cependant les atouts sont aussi nombreux. Il existe, en effet, un fort potentiel de développement notamment en ce qui concerne la culture au large (filières en eaux profondes) et sur estran (eau semi-profonde). De plus, la section a la chance de bénéficier avec l'Ifremer d’un centre de recherche performant implanté à La Tremblade. Marennes Oléron est également un bassin leader pour la commercialisation des huîtres. La notoriété et la réputation de la dénomination géographique ne sont plus à démontrer. Enfin, la section mène depuis des années une démarche qualité qui aboutit notamment à l’IGP, aux labels rouges, à la certification de conformité pour les huîtres de claires mais aussi pour les moules de bouchots. Le plan d’action est segmenté en sept axes de travail. Il s’agit, dans un premier temps, de redistribuer aux zones conchylicoles une eau douce de qualité dans les quantités et les conditions nécessaires au développement des mollusques. Cela passe, entre autres, pas la réduction des volumes autorisés pour l’irrigation et la création de réserves de substitution. Le second axe de travail est de redonner au marais doux sa vocation première de zone de rétention de l’eau douce en période hivernale. Cela suppose donc de modifier les pratiques agricoles et d'effectuer un recalibrage du réseau hydraulique. La section souhaite également travailler à la modernisation de la profession en favorisant le développement des techniques nouvelles d’élevage conchylicole, en réservant de nouveaux espaces au large ou sur l’estran aux cultures marines. L'idée est aussi de créer, sur le site de Chef de Baie à La Rochelle, un pôle conchylicole comprenant la mise en place d’un complexe de purification et d’expédition, l’installation de filières off shore et la création d’une unité de transformation agroalimentaire des produits. La mise en œuvre de ce projet s’étalera sur la période 2007-2014. Cette modernisation de la profession passera aussi par la recherche fondamentale et appliquée dans le domaine de l’amélioration de la qualité des lignées mises en élevage afin d'assurer, entre autres, une meilleure croissance et une meilleure adaptation aux différentes conditions d’élevage. Ce plan d’action doit aussi permettre d’améliorer les conditions de production sur estran mais aussi de préserver la spécificité liée à la valorisation du marais ou encore faciliter l’entrée dans la profession et la reprise des exploitations. Enfin, la section va devoir développer la consommation en France et en Europe. Il faudra mettre en place un dispositif de soutien à l’export, des campagnes de communication innovantes, des animations dans les circuits de distribution ou des formations dans les lycées hôteliers…

 

Photos : Sébastien Laval

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