Ile d'Oléron - N°106 - Septembre/Octobre 2010

Fermeture de l'usine d'incinération : le personnel inquiet

Dans un courrier adressé aux élus communautaires, les employés de l'usine d'incinération font part de leurs inquiétudes concernant l'adhésion de la CdC au Syndicat intercommunautaire du littoral.  Cette adhésion signe la fermeture, d'ici trois ans, de cette usine construite en 1975.

Le 31 mars dernier, lors du conseil communautaire, les élus ont validé le principe de l’adhésion de la CdC au Syndicat intercommunautaire du littoral pour le traitement des déchets ménagers de l’île d’Oléron. Pour cela, ils s’appuyaient sur les résultats d’une étude sur les perspectives de traitement des déchets de l’île d’Oléron entre 2013 et 2030. En effet, l’incinérateur d’Oléron, bien qu’il réponde aujourd’hui aux normes applicables notamment du fait des investissements réalisés en 2003 et 2005 (JdP n° 62,60,58 et 52), ne pourrait, pour des raisons de conception structurelle des fours, fonctionner en respectant l’intégralité des normes à venir. De nouvelles dispositions sont attendues pour 2013. Or le Syndicat intercommunautaire du littoral(1) (SIL) doit réaliser, d’ici trois ans, une unité de valorisation des déchets ménagers à Echillais. En y adhérant, les élus acceptent la fermeture de leur usine d’incinération. Une éventualité qui a ému les 17 employés qui ont adressé, cet été, un courrier aux élus oléronais. Dans cette lettre ouverte, ils réfutent – ayant pris leurs renseignements auprès du ministère de l’Ecologie et du développement durable – l’argument selon lequel les normes sont amenées à être durcies. Notamment en ce qui concerne celles des effluents gazeux des incinérateurs. Pour eux, si l’usine d’incinération venait à fermer cela aurait des conséquences directes sur leur emploi et leur famille mais aussi sur le montant de la redevance des ordures ménagères, la circulation des camions. De dénoncer aussi le «passage en perte et profit de plus de 7,5 M€ investis depuis 2003». A la communauté de communes, si l'on comprend les inquiétudes des employés, on souhaite également rassurer. Ainsi donc, comme cela avait été expliqué lors du conseil communautaire, les emplois ne devraient pas être menacés. La CdC en acceptant d’adhérer au SIL s’est engagée à accompagner et à suivre le devenir de ses agents. Si, sur place, le maintien de trois agents est espéré, le reclassement sur Rochefort est possible mais aussi sur d’autres sites communautaires sur Oléron. A la CdC, on souligne que, durant les trois prochaines années, tout sera mis en œuvre pour accompagner la reconversion des membres du personnel de l’usine.

Moins de camions et augmentation de la redevance

Loin des prédictions alarmistes des employés en matière de circulation de camions, la CdC estime, elle, qu’elle va sensiblement diminuer. Actuellement, l’usine reçoit les déchets du bassin de Marennes mais aussi les transporteurs de résidus d’épuration des fumées d’incinération des ordures ménagères (Refiom) et de mâchefers ainsi que les divers fournisseurs. Globalement cela correspond à 1 000 trajets par an. Dans trois ans, d’après le calcul des services communautaires, ce ne seront plus que 650 à 700 camions qui sortiront de l’île pour les déchets ménagers. En effet, seules les ordures ménagères oléronaises seront concernées et elles partiront dans des camions plus grands qu’aujourd’hui.
De plus, l’argument selon lequel la CdC a investi en perte et profit dans de coûteuses mises aux normes ne tient pas pour les services de la CdC. D’une part parce que les amortissements et les remboursements des prêts bancaires ont été calculés sur un laps de temps réduit (2012) et d’autre part parce que ne pas réaliser ces investissements et fermer l’usine en 2003 aurait coûté beaucoup plus cher. En effet, l’hypothèse d’une fermeture plutôt qu'une mise aux normes avait été évoquée. Les déchets auraient alors été transportés sur Clérac. La CdC a estimé que cette solution lui aurait coûté 4 M€ de plus, entre 2003 et 2010, que les mises aux normes.
Enfin concernant le dernier point soulevé relatif à l’augmentation de la redevance des ordures ménagères, d’aucun pourrait répondre qu’elle n’a pas besoin de ce syndicat pour augmenter chaque année. Cependant, lors du conseil communautaire du 31 mars, Patrick Moquay avait souligné que «la communauté de communes conserve la compétence de collecte et de traitements des déchets. Une partie de la compétence, le traitement, sera déléguée. La solution de l’adhésion au SIL est un peu plus coûteuse que le maintien de l’usine (10 € de plus par tonne) mais nettement moins chère que d’autres solutions comme la construction d’un équipement neuf. Cette solution va créer un surcoût de 200 000 € sur un budget de 6 M€ mais la collectivité doit devenir performante dans la réduction de ses déchets.» Ce qui sous-entend que ce n’est pas tant l’endroit où seront traités les déchets qui va coûter plus cher mais, bel et bien, le traitement, plus performant, plus exigeant et donc plus coûteux. Enfin, l’augmentation constante de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) coûte actuellement 3 € par tonne. Si les personnels sont légitimement inquiets de cette situation, il est fort probable que les vacanciers incommodés par les odeurs pestilentielles dégagées par l’usine en période estivale soient, eux, satisfaits, ce qui est un autre débat.

(1) Le Syndicat intercommunautaire du littoral est composé de la communauté d’agglomération du pays rochefortais, de la communauté d’agglomération Royan Atlantique et de la communauté de communes du Sud Charentes.

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