Saint-Pierre-d'Oléron - N°143 - Novembre/Décembre 2016

Et soudain le cadran solaire est apparu …

A la faveur de la réfection de la façade de la mairie, l’ancien cadran solaire est apparu. L’occasion pour Philippe Lafon, historien local, de se plonger dans l’histoire de cet élément. En septembre, il a procédé à sa rénovation en compagnie d’Elise Poncet, artiste agréée par la Direction régionale des affaires culturelles.

En juin dernier, lors de la réfection des façades de la mairie, le décapage de la peinture a révélé des traces peintes d’un ancien cadran solaire incrustées sur deux pierres de taille constituant le centre du cadran. Philippe Lafon, historien local,  a retrouvé une photo de 1933 permettant de reconstituer le cadran et d’en comprendre un peu plus l’histoire. «Il s’agit d’un cadran méridional à déclinaison. Ce cadran fait partie de trois autres cadrans réalisés dans la même période à Saint-Denis, Saint-Georges et au Château, entre 1850 et 1880. L’auteur présumé, en tout cas pour un avec certitude, est l’abbé Chaumeil. Celui de Saint-Pierre a été peint sur le mur de la façade de la mairie au midi. Il a été peint sur un mur enduit, puis blanchi à la chaux de façon traditionnelle.»

Lors de gros travaux d’après-guerre, l’enduit de façade a été entièrement retiré et l’ensemble recrépi. La table du cadran a donc disparu à ce moment-là. De plus, la façade a été peinte et non plus chaulée à l’ancienne. «L’étude très approfondie du peu d’éléments disponibles m’a toutefois permis de reconstruire entièrement la table du cadran avec les heures, demi-heures et quarts d’heures. De plus, j’ai pu découvrir que ce cadran présente les arcs diurnes à différentes saisons avec les dates concernées, la courbe en 8 (pour trouver l’heure moyenne des montres), mais aussi les signes du zodiaque, explique Philippe Lafon. Ce cadran, qui semble se placer dans la série de quatre réalisée dans l’île au xixe siècle, est cependant le plus complet de tous.»

Face à cette découverte, l’historien a souhaité restaurer le cadran solaire. L’architecte des Bâtiments de France a donc été contacté pour des conseils techniques en matière de reproduction picturale et murale. De plus, il s’est rapproché de la Société astronomique française (SAF) afin de réaliser un cadran solaire le plus exact possible. «Les consignes de l’architecte des Bâtiments de France ont été claires : il ne faut pas refaire un cadran neuf, mais au contraire, puisqu’il s’agit d’un cadran ancien sur une façade ancienne, il faut donner l’impression qu’il est de facture ancienne. Donc pas de peinture clinquante.» Pour le traçage du cadran, l’avis de la SAF était lui aussi très précis. Non seulement il confirme l’avis de l’architecte des Bâtiments de France, mais il n’est pas possible aujourd’hui de restaurer un cadran s’il est faux ou présente des erreurs. «Partant de cela, il a donc fallu s’assurer qu’il était exact. Aidé par un spécialiste de la SAF, Yvon Massé, nous avons pris de très nombreuses mesures afin de vérifier les calculs anciens et déterminer le futur tracé. J’ai alors proposé au maire de refaire le cadran solaire tel qu’il avait été conçu par l’abbé Chaumeil, mais en le mettant non plus à l’heure du méridien de Paris comme il était auparavant mais à celui de Greenwich.» Elise Poncet, artiste spécialiste de décors muraux agréée par la Direction régionale des affaires culturelles a participé à cette restauration qui a eu lieu en septembre dernier. «A partir des graphiques réalisés par Yvon Massé, j’ai effectué les dernières mesures, puis tracé le cadran sur le mur. Elise Poncet a procédé à la peinture patinée du fond et du tracé. La difficulté particulière a été de tracer les courbes des arcs diurnes et de l’analemme. Le chantier de sept jours s’est terminé par l’inscription de la date, 1856, et de la maxime suivante : La vie s’envole mais les œuvres demeurent...»

Pour l’historien, la renaissance de ce cadran solaire est intéressante à plusieurs titres car il s’agissait de reconstituer un décor de la mairie disparu depuis plus de 60 ans, de remettre au goût du jour un objet de curiosité qui, lors de sa conception, avait une vraie utilité au quotidien et d’habiller une large travée de la façade plutôt vide. 

Outre l’aspect esthétique, la réhabilitation de ce cadran solaire permet d’en apprendre davantage sur les horloges solaires et le fait qu’il soit très grand et proche de l’observateur lui confère beaucoup plus d’intérêt pour son étude et sa compréhension. «De plus, le fait qu’il s’inscrive dans une série de quatre cadrans insulaires et qu’il retrouve sa place qu’il avait perdue dans cette série revêt alors une véritable importance. Enfin, il indique même les quarts d’heures, ce qui lui donne une grande précision. On peut régler facilement sa montre à la minute près, quand il y a du soleil !»


L’heure de jour...comme de nuit

Ce cadran est l’œuvre de l’abbé Chaumeil féru d’astronomie et de mathématique qui, aussitôt après avoir été ordonné prêtre, a été nommé vicaire à Saint-Georges. Il a tracé en 1850 le cadran situé sur un des murs au midi de l’église. Ce cadran a été depuis décapité dans sa partie supérieure. L’abbé Chaumeil a aussi réalisé celui de l’église du Château. Ce cadran fournit plusieurs informations telles que les heures, les demi-heures, les quarts d’heures, les arcs diurnes fixés à des dates précises avec les signes du zodiaque correspondants et l’analemme servant à régler les montres. Pour l’utiliser il est nécessaire d’effectuer un calcul simple avec l’équation du temps et la longitude du lieu d’observation (retirer ou ajouter du temps en fonction de la saison et de la position par rapport au méridien de Greenwich). Un cadran solaire ne fonctionne plus quand le soleil se couche, et pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il continue à fonctionner la nuit. En effet, l’ombre portée par la lumière de la lune permet de retrouver l’heure vraie moyennant une correction selon l’âge de la lune.

 

 

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