Encore non pour le McDonald’s
La municipalité a de nouveau refusé d’accorder un permis de construire pour un restaurant McDonald’s. Les propriétaires du terrain vont porter plainte.
Il aura maintenu le suspense jusqu’au bout, se cachant parfois derrière le service instructeur de la communauté de communes pour ne pas donner son avis sur la question. Finalement le 3 avril dernier, Grégory Gendre, le maire, a signé l’arrêté refusant le permis de construire d’un restaurant à l’enseigne McDonald’s dans la commune. La municipalité avance trois arguments pour refuser de donner le fameux sésame. A savoir que la construction d’un module de jeux n’est pas à une distance réglementaire, que le nombre de places de parking est insuffisant. Le troisième point concerne les risques d’embouteillage liés à la mise en place du drive, notamment en période estivale.
Le maire ne s’est jamais caché de son aversion envers ce projet et il semble qu’il ait tout mis en œuvre pour le faire capoter. D’ailleurs le service instructeur de la communauté de communes avait donné un avis favorable avec des réserves et ce sont les avocats de la commune qui ont levé les trois arguments reprochés au géant américain. Une position dont l’édile ne se cache pas. Dans un communiqué de presse il rappelle la position de la municipalité. «Depuis le début de cette histoire et le souhait d’un conseiller municipal de céder absolument son terrain, nous avons indiqué que nous souhaitions réfléchir sur le modèle de société proposé par ce type de consommation. Nous avons échangé en toute transparence à plusieurs reprises avec les responsables de l’enseigne et la problématique est maintenant bien claire et précise : deux systèmes parallèles sont proposés avec leurs avantages et leurs inconvénients. Et selon nous qui alimentons la cantine en bio et en circuit court, le plus réellement durable n’est pas celui proposé par l’enseigne.» Si les élus refusent l’idée de cette installation ils ont pris conscience d’un manque de structure dans l’île pour répondre aux besoins de se regrouper des jeunes. «Pourquoi ne pas réfléchir sur ce lieu sur Oléron et travailler ensemble pour monter ce type de projet. Il y a un manque pour les jeunes de l’île c’est ce que toute cette histoire a démontré, il faut s’en saisir», martèle Grégory Gendre.
De leur côté, les promoteurs du projet travaillent à une riposte judiciaire. C’est en tout cas ce que croit savoir Philippe Villa dont la société familiale Nicoval possède le terrain sur lequel le restaurant devait s’implanter. McDonald’s aurait ainsi décidé de déposer un recours gracieux – nous n’avons pu joindre la direction pour nous en assurer.
Pour sa part, Phillipe Villa s’est entouré d’avocats pénalistes et compte déposer plainte au titre de la perte de chance. «Je considère que le maire de la commune a manqué d’impartialité dans ce dossier et il a bafoué la loi en organisant des réunions publiques, en mandantant des avocats uniquement pour étudier ce permis de construire.» Pour l’élu de l’opposition, «le permis de construire vient d’être refusé avec des arguments interprétatifs de complaisance abusifs, uniquement pour motiver un abus de droit de la part du maire de faire à nouveau obstruction au projet. Les motifs de refus du nouveau permis n’ont pourtant pas été relevés dans le permis de construire initial, ni par la CdC, ni par les services de l’Etat. Aujourd’hui la zone est sinistrée et les commercants présents attendaient beaucoup de l’arrivée de ce restaurant, une vraie locomotive.»
Photo : Grégory Gendre, le maire, a accueilli, le 1er avril, deux responsables de McDonald’s devant près de 150 personnes, dont Philippe Villa, conseiller municipal de l’opposition dont la famille est propriétaire du terrain où le restaurant souhaitait s’implanter.