De l’huile végétale à l’huile de coude
L’association dolusienne Roule ma frite fabrique désormais des produits de nettoyage à base des huiles alimentaires qu’elle récupère.
Voilà quinze ans que l’association Roule ma frite récupère les huiles de cuisson des restaurateurs oléronais (voir JdP n° 87 et 155). Un peu plus de 100 tonnes annuelles aujourd’hui, sans compter les jours de fermeture pour cause de confinement. Quinze ans et autant d’années à se poser la question de son réemploi. Les Oléronais de longue date se souviennent que Roule ma frite avait d’abord essayé d’en faire du bio-carburant. Porté par l’association durant des années, le combat s’est heurté aux normes sur l’éthanol, et surtout, l’impossibilité pour le gouvernement à encadrer un tel marché. Les Roule ma frite ont donc fait un pas de côté et proposé leurs huiles végétales comme additif pour le diesel de nos pompes. Elles partent depuis à Nantes et à Perpignan chez des grossistes pour être transformées.
Mais il manquait quelque chose dans la démarche pour coller à l’état d’esprit de Roule ma frite. « Pendant le confinement du printemps 2020, la nécessité de relocaliser les choses s’est révélée dans de nombreux domaines. On a remis en question notre modèle », raconte l’actuel président de l’association Patrick Rosset. L’équipe est partie d’un constat simple : « Le savon noir, c’est fait à base d’huile d’olive. Donc on s’est dit qu’on pouvait faire de nos huiles de cuisson des produits nettoyants. » Patrick Rosset et ses comparses ont trouvé sur internet une entreprise, Centrale Bio Corse, qui a mis au point une formule de saponification compatible avec diverses qualités d’huiles, et agréée par l’Etat. « On les a contactés. La société cherchait justement à se diversifier », se souvient Patrick Rosset.
Centrale Bio Corse leur a livré cet été deux cuves de produits nettoyants, réalisés avec 10 tonnes d’huiles de restaurants du bassin de Marennes-Oléron et de Rochefort. Roule ma frite a décliné deux marques : l’Huile Lumineuse, pour les particuliers ; Oléval, à destination des professionnels. La filière nautique à même droit à deux formules différentes : une pour le nettoyage du bord à flot, et une autre, plus concentrée, pour le carénage. Si les adhérents de Roule ma frite ont été les premiers à recevoir leurs bidons de cinq litres, les consommateurs devraient trouver dès cet automne ces nettoyants locaux dans les magasins d’accastillage et aux Galeries Oléronaises. La recette des ventes servira à embaucher des personnes en contrat d’insertion, l’association ayant une vocation sociale et solidaire.
Photo : Les premiers bidons ont été pour les restaurateurs partenaires, comme ici Aux Délices d’Alice.