La Brée-les-Bains - N°110 - Mai/Juin 2011

Dans le cœur du moulin

 

Si les avis divergent quant à la date de sa construction, le moulin fait l’unanimité quant à l’originalité de son fût à décrochements et son excellent état de conservation.  

Un peu à l’écart du village, au lieu-dit la Fontaine, se dresse fièrement le dernier moulin oléronais à avoir conservé son mécanisme entier. Si tout le monde s’accorde à dire que ce moulin est magnifique, des incertitudes demeurent quant à ses origines. Gérard Bardon, le propriétaire, est lui incapable de dire avec certitude quand ce moulin et ses dépendances  – que son père, secrétaire général de l’entreprise ayant construit le pont de l’île d’Oléron, a acquis en 1963 – ont été construits. 

Plusieurs fascicules touristiques situent sa construction entre le xiiie et le xvie siècle, au moment où les Anglais étaient présents sur Oléron. Dans le livre Oléron, l’auteur N.Marlier-Verdier souligne que «les Anglais, finalement, durent quitter la région d’Aquitaine, mais ils n’en sont pas repartis sans y laisser des souvenirs. […] Les Anglais construisirent ces moulins que l’on peut encore voir dans l’île, moulins à vent dont les ailes ne tournent plus, à Saint-Pierre et à La Brée en particulier.» Or, pour l’actuel propriétaire, cette version est peu plausible. «Je ne pense pas que ce moulin date de cette période. Cela vient, il me semble, d’une confusion entre le type de construction avec des onglets, c’est-à-dire des décrochements dans la maçonnerie. De là certains ont fait l’amalgame entre onglets et Anglais. Théoriquement, la date de construction devrait être inscrite sur la clé de voûte mais il n’y a rien.» Pour Philippe Lafon, historien oléronais, le moulin date du xviie siècle car il apparaît sur une carte de 1686.  De cette maçonnerie extérieure, avec des décrochements, le moulin, inscrit aux monuments pittoresques depuis une trentaine d’années, tire son originalité.  Les ailes d’autrefois n’ont conservé qu’une seule vergue. «Le moulin, reprend Gérard Bardon, a tourné pour la dernière fois pendant la guerre 14-18. Si aujourd’hui il ne subsiste qu’une seule aile, c’est parce que l’autre a été déposée ainsi qu’une meule pour ne plus avoir à payer le fort impôt sur la meunerie locale. Par contre, le mécanisme est entier.» Le moulin, qui ne se visite pas, est dans un état de conservation surprenant. «Le coq girouette d’origine, à force de servir de cible aux chasseurs du coin, a dû être refait, s’amuse Gérard Bardon, ainsi que la toiture.» Un vrai travail d’orfèvre. La toiture a été refaite à l’ancienne par les compagnons du tour de France. Deux épaisseurs ont été posées à l’inverse des planches de peuplier sur lesquelles sont clouées à l’extérieur des lattes de châtaignier recouvertes aux deux tiers et cloutées au cuivre. Au faîte de la maçonnerie, on découvre un rail de chêne sur lequel repose toute la poutraison. L’ensemble de la plateforme pivote sur ce rail. Ainsi le meunier pouvait orienter la toiture à la recherche du vent. Ce toit pivotait à l’aide d’un âne qui, en contrebas, faisait tourner la queue du moulin. Aujourd’hui il ne reste qu’une partie de ce timon. Au rez-de-chaussée, subsiste un vestige de l’occupation allemande avec une mire où diverses directions sont inscrites en allemand. En prenant l’étroite échelle de meunier, on découvre les meules et le mécanisme intacte. L’étage supérieur permet, quant à lui,  de découvrir l’exceptionnelle toiture. Aujourd’hui, le moulin et l’ensemble des bâtiments attenants sont en vente «avec un petit pincement au cœur, reprend Gérard Bardon. Nous avons tellement de souvenirs de jeunesse. Ici c’est la tranquillité assurée avec aucune construction dans un rayon de 200 mètres.»

 

 

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