Saint-Pierre-d'Oléron - N°128 - Mai/Juin 2014

Christophe Sueur : «Il faut dynamiter tous les conflits»

La deuxième tentative fut la bonne ! Christophe Sueur a battu le maire sortant Patrick Moquay. En prenant le fauteuil de maire il veut, en priorité, mettre à plat l’ensemble des conflits et contentieux. 

 

Candidat malheureux en 2008, cette fois, vous êtes maire. Qu’avez-vous ressenti au soir du premier tour ?

De la satisfaction pour toute l’énergie que l’on a mise durant la campagne. La satisfaction aussi de voir que nos électeurs ont cru en notre programme, en notre projet. C’est la conclusion d’une campagne, d’une préparation de longue date. Il y a un vrai plaisir à se sentir porté par cette énergie positive qui vient des électeurs. Cependant, je n’ai pas vraiment pris conscience le soir du premier tour de l’importance du résultat. Je n’ai pas eu le sentiment de consommer mon bonheur car je sais l’importance de la tâche. Je commencerai à sourire et à respirer lorsque j’aurai tout calé, lorsque tout sera sur les rails.

 

En 2008, Patrick Moquay, maire sortant, s’était plaint de la dureté de la campagne. Est-ce que cela fut le cas cette année ?

Oui la campagne a été dure d’autant que le maire sortant a fait exprès de retarder sa prise de parole et du fait de l’équité cela nous a freiné. En même temps, une campagne longue est forcément plus fatigante. Nous avions prévu de faire des choses d’une certaine façon et, au final, nous les avons faites. Il y a eu un réel glissement les deux derniers mois de la campagne avec des rumeurs, de l’agressivité. Les électeurs auraient mérité un débat plus professionnel sur des projets plutôt que des critiques sur les personnes.

 

Pour certains vous êtes plus le tombeur de Patrick Moquay que le vainqueur du scrutin. N’est-ce pas un peu frustrant ?

Il était maire et président de la communauté de communes. Beaucoup ont pensé qu’il était là pour plusieurs mandats donc cela a créé la surprise. Tombeur je ne sais pas mais élu sur un programme et c’est là-dessus que nous allons être jugés. Nous n’avons pas fait de l’anti-Moquay. Nous avons fait le point sur le bilan certes et c’est aussi là-dessus qu’il a été jugé.

 

Que pensez-vous de cette situation pour la moins surprenante si Patrick Moquay, candidat à sa succession à la CdC, rafle ce poste ? [NDLR: l’entretien a été réalisé quelques jours avant l’élection du nouveau président de la CdC qui a vu la victoire de Pascal Massicot]

Je trouve cela inacceptable pour les électeurs. 2 200 d’entre eux ont choisi l’équipe de Bien vivre en Oléron et de ne pas redonner la main à Patrick Moquay. Ce dernier, membre de l’opposition, décide de ne pas prendre en compte l’avis des électeurs et veut récupérer son poste à la CdC. Il balaie alors d’un revers de main et explique que c’est dans les textes. En 2008, je n’ai pas eu cette prétention particulière de demander, par exemple, un siège au SIFICES (Syndicat intercommunal de fonctionnement et d’investissement du collège et des équipements sportifs). En plus, cela n’a pas de sens. Saint-Pierre sera de fait exclu du bureau communautaire qui accueille un représentant de chaque commune. Si Patrick Moquay est élu président alors je me pose clairement la question de notre présence au sein de la CdC.

 

Quelle est votre priorité pour les six ans à venir ?

La première chose que j’ai faite a été de faire le tour de tous les bureaux, de tous les agents municipaux. J’ai organisé une rencontre avec tous pour expliquer nos attentes et notre façon de travailler ensemble.

Nous avons également lancé une série d’audits et d’inventaires concernant les litiges et contentieux. C’est une déflagration parce que c’est en dessus de ce qu’on pouvait imaginer. Ce sont des dizaines de contentieux, pour la plupart liés à l’urbanisme mais aussi financiers avec notamment l’hôtellerie de plein air. Nous héritons de ce contentieux avec l’hôtellerie de plein air qui se chiffre  à plus de 180 000 € de non perçu. De la même façon, les commerçants du marché ont bloqué le paiement des loyers et des charges pour un montant de 60 000 € par an. Nous arrivons ainsi à un passif cumulé de 700 000 €. On va nous répondre que c’est la faute du passé mais le contentieux a été enclenché par le maire sortant. L’audit financier va se faire avec le percepteur.

 

En matière de contentieux il y a le dossier de la Claircière. 

Le promoteur va nous présenter des projets et nous allons alors les étudier, voir s’ils correspondent à nos aspirations. Mais au final c’est la préfecture qui validera ou non les projets. Nous ne voulons pas être dans la vindicte systématique et dans le contentieux.

 

Imaginez-vous l’installation d’un restaurant McDonald’s à cet endroit si Dolus n’en veut pas ?

Ce n’est pas franchement une bonne chose mais c’est aussi une entreprise comme une autre. Si cela devient un lieu incontournable d’animation pour les jeunes Oléronais alors on s’est bien planté et je n’y comprendrai plus rien.

A chaque fois qu’une entreprise va vouloir s’implanter et qu’elle va être en concurrence avec d’autres entreprises déjà implantées alors je n’en veux pas. Si ce restaurant s’installe c’est autant de sandwicheries, de petits restos qui vont fermer. Et même si cela crée des emplois, ce ne seront que des emplois précaires.

 

Si le permis est conforme aux règles d’urbanisme vous ne pourrez pas, pour des raisons purement idéologiques, vous opposer à cette installation.

En effet, c’est une entreprise comme une autre. Nous ne pouvons pas être dans le déni. Il y a des règles commerciales et d’urbanisme que nous devons respecter et nous le ferons.

 

Vous héritez également du dossier du vélodrome.

Il me tarde d’avoir le temps de rencontrer les avocats des deux parties pour voir les options que nous avons. Nous allons rencontrer les dirigeants du club, le président de la Fédération française de cyclisme et mettre les choses à plat. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’avenant au protocole d’accord, il y a toujours un conflit et il y a toujours des astreintes. Il faut sortir de cette situation. Le choix du conflit ne nous laisse pas les finances pour construire le vélodrome. 

 

Enfin qu’en-est-il du conflit avec la société Cogiprom qui demande pas moins de 9 M€ à la commune parce qu’elle n’a pu avoir son permis de construire ?

La procédure court toujours et, en effet, la commune est assignée pour plus de 9 M€. Il est urgentissime de rencontrer les avocats et de trouver une réponse autre que le recours à la justice. Dans ce dossier il suffisait de modifier le plan local d’urbanisme et de délivrer un permis de construire en règle avec ce PLU et le conflit était réglé. De plus, Patrick Moquay a fait campagne sur l’inscription de la commune au réseau d’alerte entre 1999 et 2012. Il a ainsi fait peur aux gens or après vérification auprès des services, c’est faux. Entre 2010 et 2013, la commune n’était plus inscrite au réseau d’alerte. Elle l’a été, certes, entre 2007 et 2009, à l’époque où la municipalité en place a multiplié les investissements.

Dans ces conditions, il est difficile d’engager un projet municipal. Il faut avant tout dynamiter tous les conflits.

 

Quel est votre projet tout de même pour le réaménagement du centre-bourg ?

Nous attendons de revoir les plans de circulation et de rencontrer l’ensemble des commerçants pour voir ce qu’il est possible de faire. Nous avons d’ores et déjà abrogé le plan de circulation à La Cotinière, il est juste maintenu pendant la période estivale.

 

Le port de La Cotinière est un enjeu majeur pour la commune.

Nous allons travailler avec le Conseil général pour le prochain projet portuaire. C’est à nous de réfléchir à une candidature pour valider la future concession. Il y a des travaux à faire d’urgence sur place. Même en campagne électorale, il fallait anticiper, par exemple, le dragage du port. Que dire également du sentier en arrière de la criée qui est totalement ensablé ?

 

La voirie est très détériorée dans la commune. Avez-vous des projets particuliers ?

Cela reste, en effet, le gros projet mais au vu de tout ce qui précède on va essayer de se mettre une ligne de conduite. On va faire un vrai plan de rénovation sur plusieurs années. Nous allons arrêter le rafistolage ! Le projet routier doit aller de pair avec un projet complet sur la signalétique. Nous allons mettre en place un cheminement pour que la commune soit plus embellie, plus accueillante.

 

Dans votre programme vous aviez parlé de l’aménagement de la place Gambetta. Qu’en est-il ?

Nous avons une chance à Saint-Pierre c’est d’avoir deux places bien identifiées, Gambetta et la Lanterne. Notre idée est de créer un cheminement entre ces deux places pour permettre de dynamiser toute la partie basse de la rue piétonne et celle du marché. La place Gambetta ne peut plus être qu’un lieu de stationnement, donc nous avons prévu des aménagements à partir du kiosque qui doit redevenir un lieu de vie, de spectacle. Il s’agit d’un lieu patrimonial et culturel important qu’il est nécessaire de dynamiser.

 

Vous souhaitez également modifier le plan local d’urbanisme. Pour quelles raisons ? 

Manifestement, il satisfait peu de monde. Nous pouvons apporter une modification sur certains zonages notamment concernant les dents creuses.

De plus, le fait de porter à 35% l’obligation de logements sociaux dans chaque programme immobilier est totalement ubuesque. En effet, entre les parkings, les aménagements paysagers et cette nécessité de 35%, il ne reste plus de possibilité de rentabilité pour le promoteur.

 

Que comptez-vous faire alors en matière de logements ?

Nous allons prendre des rendez-vous avec les promoteurs pour relancer des projets. Très rapidement, je pourrai annoncer la confirmation du nombre de logements sociaux que nous allons réaliser dans les prochaines années notamment dans le quartier du Fief-Norteau, à la Minoterie ou avec le projet Cogiprom sur l’ancien vélodrome.

 

Vous n’êtes pas candidat à la présidence de la CdC mais quel rôle souhaitez-vous y avoir ?

Si Patrick Moquay est élu président alors je n’aurai rien à dire puisque la commune ne sera pas présente au bureau communautaire.

Sinon, je souhaite m’impliquer dans la vie sportive et dans les affaires maritimes. Je souhaite un vrai plan d’actions touristiques pour les 20 ans à venir, nous devons obtenir un label touristique.


Résultats

Premier tour

Nombre d’inscrits : 5 693 - Nombre de votants : 3 841 - Taux de participation : 67,47% - Blancs ou nuls : 5,94%

 

Liste Bien vivre en Oléron (Christophe Sueur) 55, 90 % - 23 conseillers municipaux et 6 conseillers communautaires

Liste Ensemble pour Saint-Pierre-d’Oléron (Patrick Moquay) 44,09% - 6 conseillers municipaux et 2 conseillers communautaires 

 

Composition du conseil municipal

Christophe Sueur, maire ; Jean-Yves Livernais, 1er adjoint ; Françoise Massé-Saulay, 2e adjointe ; Eric Guilbert, 3e adjoint ; Sylvie Frougier, 4e adjointe ; Marc Vancampen, 5e adjoint ; Françoise Vitet, 6e adjointe ; Dominique Bausmayer, 7e adjoint 

 

 

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