Ile d'Oléron - N°181 - Mars/Avril 2023

Bâtiment : « Avec la crise du coût des matières premières, on prend chaud »

Delphine Dufour est à la tête de la SARL PPCI, son entreprise spécialisée en travaux d’isolation et de peinture à Saint-Georges-d’Oléron depuis plus de 10 ans. Elle nous explique son quotidien : entre hausse du prix des matières premières, du carburant et de l’énergie.

En 2022, les coûts en gazole pour faire tourner les camions qui vont sur les chantiers ont explosé. « Cela représente une dépense qui a quasi doublé », évalue Delphine Dufour, cheffe d’entreprise. Avec l’arrivée des hausses des matières premières, elle a dû s’adapter à la situation : « Les matériaux ont pris 30 % de plus qu’il y a six mois et on connaît depuis janvier, d’autres augmentations», constate Delphine Dufour qui liste les augmentations subies : « plus 15 % pour la laine de verre qui avait déjà été augmentée de 20 et 30 %, le m² d’une plaque de plâtre c’est plus de 22 %, la peinture c’est plus 25 % comme pour les matériaux pour les sols et les papiers peints, c’est + 28 % pour les enduits, on prend chaud ! »

Face à cette situation fluctuante, elle doit adapter ses prix pour tenter de couvrir ses charges : « Quand je fais un devis, je dois refaire mes calculs et pour ceux passés par exemple avec les résidents secondaires, qui ne sont pas là toute l’année, je préviens sur le devis, comme la loi m’y autorise depuis peu, que ce tarif peut ne pas être maintenu. » Avec cette nouvelle disposition, elle peut désormais réajuster ses tarifs dans les six mois après signature de l’accord. Conséquences : des chantiers repoussés par les clients et une perte de chiffre d’affaires. 

Le dilemme des économies à réaliser

La cheffe d’entreprise ne baisse pas les bras pour autant. Elle a dû réagir rapidement et adapter son activité par une approche différente. « J’ai mis en place des pratiques vertueuses pour réaliser quelques économies au niveau de notre matériel, mais face au dilemme économie-qualité je ne bouge pas, c’est la qualité avant tout et mon image de marque », ne désarme pas Delphine Dufour.

Autre casse-tête pour l’entrepreneuse, le recrutement de salariés dans l’île d’Oléron. « Il y a, je pense, une problématique commune pour toutes nos entreprises, qu’elles soient dans le bâtiment comme la mienne ou dans l’hôtellerie et la restauration, c’est l’embauche qui est liée au problème du logement des salariés, de leurs familles et des apprentis. Si l’on veut recruter des gens qui viennent du continent, on se retrouve face à des problèmes de mobilité, leurs frais pour venir jusqu’ici sont trop importants en raison des prix des carburants, ils ne viennent pas », soulève Delphine Dufour. 

Résultat, les chantiers qui s’ouvrent dans l’île sont pris par des entreprises installées sur le continent, avec pour autre effet des entreprises oléronaises qui ont du mal à s’implanter dans l’île. Le cercle vicieux des zones tendues.

Photo © D. Dufour


Le député a été informé des difficultés des artisans oléronais

En amont de la manifestation oléronaise, le député Christophe Plassard a rencontré les deux initiateurs de la manifestation des boulangers et artisans de l’île d’Oléron. À l’issue de cette rencontre, Vanessa Parent, sa suppléante, fait un point : « On ne sait pas encore de quelles aides ils peuvent bénéficier, tout dépend des renouvellements de contrat avec les fournisseurs, ils sont en cours pour la plupart. On en saura plus dans le courant du mois de mars. C’est pourquoi on leur a demandé de nous les faire parvenir pour les faire remonter au gouvernement. »

 

 

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Courrier des lecteurs
Lydie Scolaro, propriétaire à Dolus, réagit à notre article concernant l’association «Protégeons la Rémigeasse» dans notre dernier numéro.

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