Au chevet des mammifères marins

Depuis 1994, Christiane Anselme est au chevet des mammifères marins qui s’échouent sur les plages oléronaises. Jusqu’en juillet 2006, date de son décès, elle secondait son mari Gilbert dans cette tâche. Avec courage et enthousiasme, elle décidait alors de poursuivre son œuvre et d’être là dès qu’un dauphin, une tortue ou autre phoque arriveraient sur les plages.
En 2009, il y a eu 34 échouages sur Oléron, principalement des dauphins communs. Un phoque vivant s’est, quant à lui, échoué à Vertbois alors que trois marsouins ont également été récupérés. «En décembre 2009, une jeune femelle orque de 2,45 m a été récupérée par les pompiers après son échouage sur la plage de La Cotinière. Elle était très maigre et l’hypothèse était qu’elle avait alors perdu sa maman. C’est le cinquième échouage d’orque en France en 30 ans et tous sur la côte Atlantique. Cette espèce est rarement vue en secteur côtier alors que des observations régulières démontrent qu’elle est bien présente au large.»
En 2010, peu de mammifères marins se sont échoués sur les plages oléronaises. On notera, début février, la découverte d’un bébé phoque en vie sur la vieille digue à Saint-Denis. «Cette femelle de 80 cm, très fatiguée, a été récupérée par les pompiers puis transportée au Centre de recherche sur les mammifères marins, le CRMM, basé à La Rochelle.» Sur place, il a été soigné, nourri. Après avoir repris des forces, il a été déplacé à Océanopolis à Brest pour finir sa convalescence. «Il a ensuite été relâché au large des 7 Iles en Bretagne.»
Fin mars, des restes de tortues ont été retrouvés à Domino et, en juillet, une tortue luth de 400 kg s’est échouée à la Rémigeasse. «La carapace faisait 2 m, explique Christiane Anselme. Une autopsie a été pratiquée et aucun sac en plastique n’a été découvert. On peut donc supposer qu’elle est morte de sa belle mort.» Par contre, le bébé globicéphale découvert sans vie au port du Douhet, en juillet, avait des parasites aux poumons. «Ce jeune bébé avait encore du lait dans l’estomac, ce qui laisse à penser qu’il n’est pas mort de faim.»
Depuis deux ans, les échouages ont diminué sur Oléron par rapport aux années précédentes. Mais, comme le souligne Christiane Anselme, cela ne sous-entend pas qu’il y a moins de mortalité mais que le vent n’entraîne pas forcément les animaux sur les plages. «La tempête Xynthia n’a entraîné aucun échouage, que ce soit sur Oléron, Ré ou la Vendée. Je m’attendais à partir avec mon sac et finalement je n’ai rien fait. Est-ce que les animaux ont senti la dépression et sont restés au large comme beaucoup d’experts l’ont affirmé lors du tsunami meurtrier dans le Pacifique ? Il n’y a pas de réponse précise sur le sujet.»
Depuis son implication auprès des mammifères marins, avec l’aide des pompiers et des promeneurs qui la contactent, le plus marquant pour Christiane reste aujourd’hui encore le morse vivant échoué le 18 février 1996 sur la plage des Sables-Vignier. Il s’agissait du deuxième échouage de morse vivant en France. Le premier avait eu lieu en 1949 dans le bassin d’Arcachon. Leur présence n’est pas fréquente dans nos eaux mais davantage dans celles, plus froides, du Groenland. Dénutri, malade, fatigué, ce morse de 800 kg a été veillé par Christiane et Gilbert et les pompiers pendant toute une nuit. «Il avait des impacts de chevrotine sur le dos. Il faut dire qu’il avait des défenses en ivoire de 39 cm de long. Cela peut intéresser des personnes peu délicates.» Le lendemain de son échouage, au petit matin, il est reparti avec la marée. «Le lendemain de son départ, un morse a été retrouvé à La Palmyre. Vu son état de santé, il a été euthanasié.»

Echouage de mammifères marins : 06 67 69 74 43

En savoir plus, site internet du Centre de recherche sur les mammifères marins :
http://crmm.univ-lr.fr