Au chevet de la pêche à pied récréative
Une trentaine de participants (administrations, sociétés scientifiques, élus, associations...) étaient présents lors des premières rencontres nationales de la pêche récréative, en janvier, au Château. L'occasion de tirer la sonette d'alarme et de sensibiliser le public.
Les rencontres nationales de la pêche à pied récréative ont été organisées, le 21 janvier dernier, au Château, à l’initiative de l’association IODDE. Cette réunion de travail était la première du genre en France. Il s'agissait de permettre aux différents acteurs (administrations, sociétés scientifiques, associations....) d'échanger sur les tenants et aboutissants de la problématique des estrans, face à l'augmentation de la pression humaine sur le littoral.
Depuis, à partir de l'avancement de ses travaux, l’association a été sollicitée par l'association nationale Rivages de France qui regroupe tous les gestionnaires du littoral, conservatoires… Elle a également été intégrée au groupe opérationnel du Grenelle de l'Environnement qui réfléchit à cette question de pêche à pied récréative. Plus récemment, une personne de Nouvelle-Calédonie souhaite également s'inspirer de ses méthodes pour avancer sur le diagnostic localement.
Plusieurs constats ont été tirés de cette journée. A savoir qu’en quelques générations, les pratiques de pêche à pied ont fortement évolué, d’une pratique de subsistance, à caractère très local, vers une activité de loisir très «grand public». La pression sur les estrans a augmenté : il y a de plus en plus de monde qui se comporte de moins en moins bien. Un cercle vicieux a tendance à s’installer : moins on trouve de proies «correctes» en taille, plus on récolte des individus petits. Comme le souligne l'association dans son rapport, «c’est bien l’inverse de ce qui était recherché par la réglementation, par ailleurs très mal connue, parfois mal adaptée, et de toute façon mal respectée». Les prélèvements effectués par les pêcheurs à pied récréatifs représentent des tonnages importants et, dans certains secteurs, dépassent de loin ceux de la pêche professionnelle. Ils sont aussi plus diffus sur le territoire. Pour l’association, il s’agit «premièrement, de pouvoir disposer de données fiables sur le phénomène. Or, celui-ci n’est pas toujours simple à appréhender car il concerne une population variable et diversifiée, non "répertoriée". En outre, la connaissance de la réaction des milieux est encore lacunaire. Plusieurs niveaux de préoccupations se superposent. Il s’agit bien sûr de préserver durablement les espèces et le milieu naturel. Il s’agit aussi de prévenir ou de régler certains conflits d’usages entre les professionnels et les amateurs, entre les locaux et les touristes, les pêcheurs et les conchyliculteurs ou autres usagers. Parmi ces concurrences, sur une même ressource, on n’oublie pas de permettre aussi aux générations futures d’en bénéficier dans de bonnes conditions.»
A l’occasion de ces rencontres, des convergences entre différentes initiatives sont nettement apparues, ainsi qu’une volonté de poursuivre les échanges et de renforcer les coopérations.
Cette journée de travail a aussi permis de dégager quelques pistes concrètes de mutualisation, telles que, par exemple, un questionnaire tronc commun, une économie de moyens pour l’information, une formation nationale pour les gardes… «La réunion, centrée sur des échanges de praticiens, n’avait rien d’un "Grenelle de la pêche à pied ". Néanmoins, plusieurs interventions ont montré que la prise en compte de la problématique semblait insuffisante, en particulier au niveau de l’Etat dont le rôle de régulation est quelque peu lacunaire. Sur la base des convergences constatées, une démarche commune de sollicitation des services de l’Etat concernés, et des politiques, pourrait être menée, ne serait-ce qu’à titre de sensibilisation sur les enjeux. Enfin, la plupart des participants sont favorables à ce que la pêche à pied récréative soit prise en compte dans des démarches de gestion concertée.»
Parallèlement, l’association présentera au début du mois de mars son rapport de diagnostic, qui présentera toutes les données sur la pêche à pied récréative sur Marennes Oléron, en particulier quelques chiffres-clés comme, par exemple, environ 180 000 pêcheurs à pied sur Oléron en 2007, dont 80 % d'hommes, 85 % ignorent la réglementation, environ 150 tonnes de palourdes récoltées dont seulement 20 % avaient atteint la taille minimale légale, 450 000 étrilles, etc.
Photos : association Iodde