Artisanat – « Je me suis battu pour être ferronnier »
À 33 ans, Benjamin Casimir a installé son atelier de ferronnerie dans la citadelle. Une activité qui lui tenait à cœur depuis l’adolescence. Portrait d’un métalleux passionné.
Quand on approche du bastion royal, en contre bas du bâtiment de l’arsenal, c’est un bruit étouffé de bing et de bang que l’on entend, entremêlé de musique. Et il suffit de pousser la lourde porte rouge pour se retrouver face à une forge des plus authentiques qui trône sous les voûtes des lieux. Le sourire de Benjamin Casimir, l’artisan installé là depuis deux ans, vous fera oublier les frimas de l’hiver. Bienvenue chez le ferronnier !
« Ici, c’est le summum de ce que j’attendais pour mon entreprise », lâche tout de go le trentenaire, Normand de naissance, marié à Amélie, oléronaise pure souche. Masque de soudeur sur le visage, penché sur l’assemblage des tubes de fer qui serviront au minigolf de la commune, Benjamin Casimir, affable, lâche son labeur pour accueillir curieux et clients dans son atelier.
Son père lui enseigne les rudiments du métier
C’est son père, bien malgré celui-ci, qui lui met le pied à l’étrier lorsqu’il est encore un jeune adolescent. « Il est métallier et il m’a donné les bases de son métier lorsqu’on bricolait ensemble », se rappelle Benjamin Casimir. Au fil du temps et de l’apprentissage offert par son paternel, le passionné de moto confectionne un petit karting équipé d’un moteur de tondeuse qu’il modifie pour atteindre son but. « Je me suis pris la tête pour qu’il fonctionne comme je le voulais », se rappelle le jeune ferronnier qui utilise la créativité que lui ont offert les petites briques de Lego. « Elles permettent une créativité et une projection dans l’espace », explicite l’artisan.
Après la classe de troisième, ses parents entrevoient pour lui une entrée au lycée général. Lui aurait préféré la filière professionnelle de métallier. Il accepte, in fine, de se conformer aux souhaits de ses parents, non sans avoir longuement expliqué qu’il souhaitait être ferronnier. Il remporte néanmoins l’assentiment de ces derniers lorsque ceux-ci se retrouvent face aux commentaires de ses professeurs. Son comportement n’est pas terrible, il s’ennuie, malgré une moyenne générale de 13/20. « Mon père a alors parlé à son employeur qui a accepté de me recruter comme apprenti dans son entreprise familiale », relate Benjamin Casimir.
CAP de métallier-serrurier en poche en 2009, il enchaîne plusieurs postes à Chambéry : un sous-traitant pour des promoteurs immobiliers puis rejoint un ferronnier d’art à Annecy, avant un constructeur de pots d’échappement pour motos. « L’entreprise a été liquidée, pourtant c’était à ce moment-là le meilleur job de ma vie, puisque je suis aussi motard », dévoile Benjamin Casimir.
L’opportunité de créer son entreprise se dessine
S’ensuit une place chez un carrossier industriel avant d’entamer l’aventure oléronaise : « Avec ma femme, nous décidons de tout quitter pour rejoindre l’île familiale, à la suite d’une rencontre avec une personne qui fait ici du carénage de moto. » Le contact direct avec la clientèle le taraude, mais il poursuit encore son chemin. Après un passage chez un ferronnier à Dolus, Alexandre, un ami installé à la citadelle, lui annonce son intention de quitter les lieux et lui propose de se rapprocher de la mairie du Château pour candidater. Banco !
Depuis 2020, Benjamin Casimir occupe le Bastion royal de la citadelle. Entre les commandes de portails, d’escaliers, de garde-corps, il se prend à lorgner du côté de l’aménagement intérieur et du mobilier, pour diversifier ses activités. « En attendant de concrétiser tout cela, je suis fier de rappeler à mes parents que j’ai bien fait de me battre pour être ferronnier, j’ai maintenant mon entreprise et je m’éclate », lance, non sans un large sourire de satisfaction, le ferronnier de la citadelle.
Photo : Depuis 2020, Benjamin Casimir exerce son métier de ferronnier à la citadelle.