Nature - N°162 - Janvier/Février 2020

La velelle, barque de la Saint-Jean

Lors de vos promenades sur la plage, vous aurez sûrement remarqué ces petits organismes bleus ou translucides d’environ 5 centimètres, échoués parmi les algues. On les appelle des vélelles, Velella velella pour les intimes, ou « barques de la Saint-Jean », ou encore « barques de la Saint-Pierre ». En fait, on peut en trouver toute l’année.

Cet animal fait partie du plancton. Ce n’est pas une méduse mais un siphonophore, une famille proche qui fait aussi partie des cnidaires, animaux urticants et où l’on retrouve la physalie (ou galère portugaise). Comme sa cousine, la vélelle flotte et voyage au gré du vent sur les océans, grâce à un disque cartilagineux rempli d’air (flotteur) muni d’une voile oblique. Ainsi, elle exploite la zone située juste en dessous de la surface de la mer : c’est là que, grâce à la lumière, le maximum de nourriture est disponible.

La mer n’a pas de frontières

Même si elles sont plus à l’aise dans les mers chaudes, les vélelles sont poussées par les vents un peu partout. Il est fréquent d’en observer des milliers ensemble. Lorsqu’elles s’échouent, c’est aussi parfois en masse. C’est arrivé par exemple sur Oléron en 2012, en décembre 2017 puis fin 2019, où l’on pouvait les voir sur chaque plage. Une fois mortes, elles sèchent et deviennent translucides, formant un objet plutôt étrange, ressemblant à du plastique, mais ce n’en est point.

Les jolies colonies de vélelles

Chaque unité est en fait constituée de centaines de petits organismes que l’on appelle des polypes, organisés et remplissant chacun des fonctions précises. Un grand polype, muni de tentacules, capture les proies (petits poissons, crustacés et larves diverses) et les ramène à la bouche centrale. Les tentacules urticants situés en périphérie assurent une fonction défensive. Des polypes plus petits assurent la reproduction : ils émettent de petites méduses d’environ un millimètre, mâles ou femelles, qui assureront la reproduction sexuée.

Leur couleur bleue est due à leur symbiose avec des zooxanthelles, algues microscopiques capables de photosynthèse, qui profitent de la flottaison de la vélelle pour accéder à la lumière, et en retour apportent des matières nutritives carbonées et de l’oxygène.

Sans danger, mais...

Malgré leur caractère urticant, les vélelles sont sans danger pour l’Homme.

Ce n’est pas du tout la même chose pour leur cousine la physalie. Ces animaux ont des caractères semblables, mais cette dernière a des tentacules très longs (plusieurs dizaines de mètres) et surtout bien plus urticants. Elles peuvent provoquer des syncopes et de graves douleurs. Baigneurs, surfeurs, attention !

Photo © CPIE MO


A gauche ou à droite ?

Nous sommes vite passés sur le fait que la voile était oblique par rapport à l’axe de la colonie, ce qui n’est pas banal.

Mais ce n’est pas tout : lorsqu’une vélelle se forme, elle a une chance sur deux d’avoir une voile qui tourne à droite, et une autre qu’elle tourne à gauche. Ainsi, sur une génération de vélelles, on est sûr qu’au premier coup de vent, deux groupes vont se séparer. Grâce à cette astuce, le mélange des gènes est favorisé.

La nature est bien faite.


Pour en savoir plus :

Belle vidéo du CNRS : http://planktonchronicles.org/fr/episode/velelles-voiliers-planctoniques/

La fiche Doris : http://doris.ffessm.fr/Especes/Velella-velella-Velelle-228


Cette fiche est réalisée par CPIE Marennes-Oléron 

05 46 47 61 85 - 111 route du Douhet - 17840 La Brée-les-Bains - www.iodde.org

Avec le soutien de naturalistes de Marennes-Oléron

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