Dolus-d'Oléron - N°134 - Mai/Juin 2015

Encore non pour le McDonald’s

La municipalité a de nouveau refusé d’accorder un permis de construire pour un restaurant McDonald’s. Les propriétaires du terrain vont porter plainte.

Il aura maintenu le suspense jusqu’au bout, se cachant parfois derrière le service instructeur de la communauté de communes pour ne pas donner son avis sur la question. Finalement le  3 avril dernier, Grégory Gendre, le maire, a signé l’arrêté refusant le permis de construire d’un restaurant à l’enseigne McDonald’s dans la commune. La municipalité avance trois arguments pour refuser de donner le fameux sésame. A savoir que la construction d’un module de jeux n’est pas à une distance réglementaire,  que le nombre de places de parking est insuffisant. Le troisième point concerne les risques d’embouteillage liés à la mise en place du drive, notamment en période estivale. 

Le maire ne s’est jamais caché de son aversion envers ce projet et il semble qu’il ait tout mis en œuvre pour le faire capoter. D’ailleurs le service instructeur de la communauté de communes avait donné un avis favorable avec des réserves et ce sont les avocats de la commune qui ont levé les trois arguments reprochés au géant américain. Une position dont l’édile ne se cache pas. Dans un communiqué de presse il rappelle la position de la municipalité. «Depuis le début de cette histoire et le souhait d’un conseiller municipal de céder absolument son terrain, nous avons indiqué que nous souhaitions réfléchir sur le modèle de société proposé par ce type de consommation. Nous avons échangé en toute transparence à plusieurs reprises avec les responsables de l’enseigne et la problématique est maintenant bien claire et précise : deux systèmes parallèles sont proposés avec leurs avantages et leurs inconvénients. Et selon nous qui alimentons la cantine en bio et en circuit court, le plus réellement durable n’est pas celui proposé par l’enseigne.» Si les élus refusent l’idée de cette installation ils ont pris conscience d’un manque de structure dans l’île pour répondre aux besoins de se regrouper des jeunes. «Pourquoi ne pas réfléchir sur ce lieu sur Oléron et travailler ensemble pour monter ce type de projet. Il y a un manque pour les jeunes de l’île c’est ce que toute cette histoire a démontré, il faut s’en saisir», martèle Grégory Gendre.

De leur côté, les promoteurs du projet travaillent à une riposte judiciaire. C’est en tout cas ce que croit savoir Philippe Villa dont la société familiale Nicoval possède le terrain sur lequel le restaurant devait s’implanter. McDonald’s aurait ainsi décidé de déposer un recours gracieux – nous n’avons pu joindre la direction pour nous en assurer.

Pour sa part, Phillipe Villa s’est entouré d’avocats pénalistes et compte déposer plainte au titre de la perte de chance. «Je considère que le maire de la commune a manqué d’impartialité dans ce dossier et il a bafoué la loi en organisant des réunions publiques, en mandantant des avocats uniquement pour étudier ce permis de construire.»  Pour l’élu de l’opposition, «le permis de construire vient d’être refusé avec des arguments interprétatifs de complaisance abusifs, uniquement pour motiver un abus de droit de la part du maire de faire à nouveau obstruction au projet. Les motifs de refus du nouveau permis n’ont pourtant pas été relevés dans le permis de construire initial, ni par la CdC, ni par les services de l’Etat. Aujourd’hui la zone est sinistrée et les commercants présents attendaient beaucoup de l’arrivée de ce restaurant, une vraie locomotive.»

Photo : Grégory Gendre, le maire, a accueilli, le 1er avril, deux responsables de McDonald’s devant près de 150 personnes, dont Philippe Villa, conseiller municipal de l’opposition dont la famille est propriétaire du terrain où le restaurant souhaitait s’implanter.

 

Réunion publique : un procès à charge ?

Ce devait être une réunion publique sur le développement durable, et le maire avait affirmé qu’«il n’était pas question de faire une réunion pour ou contre l’installation du McDonald’s» (JdP n° 133). Et pourtant, le panneau municipal indiquait ce soir du 1er avril : «Débat public soirée McDo pour ou contre?» 150 personnes étaient réunies aux côtés du maire Gregory Gendre, des élus locaux et de deux représentants de l’enseigne : Sébastien Perochain, directeur des relations extérieures de McDonald’s France, et Michel Le Berre, directeur régional. Le maire ouvrait la réunion en exposant la synthèse d’une consultation publique qu’il avait suscitée, où chacun avait pu s’exprimer sur cette installation. Sur les 137 avis recueillis, 97 se disaient contre le projet et 40 pour, arguments à l’appui : les anti-McDonald’s défendaient notamment la préservation de l’identité oléronaise alors que les pro-McDonald’s y voyaient une création d’emplois. Mais, comme le soulignait à juste titre Sébastien Perochain, ce principe de consultation n’est pas légal, et pour lui «il y a une majorité silencieuse qui observe le débat» et qui ne serait pas nécessairement contre. Les résultats de cette enquête publique ne sont d’ailleurs ni significatifs ni représentatifs d’une population dolusienne – qui compte 3 200 habitants permanents – ni a fortiori de la population insulaire permanente estimée à plus de 20 000 habitants. Le débat a été toutefois jugé comme une «initiative louable» par les représentants de la marque, venus pour éclairer les positions de McDonald’s. Au rythme des questions-réponses, les échanges ont d’abord porté sur les motivations de l’enseigne à s’implanter sur l’île, le projet architectural, les répercussions économiques, sociales et environnementales… Le débat s’est poursuivi sur des sujets plus polémiques, comme la malbouffe, l’obésité, l’agriculture intensive, l’agro-écologie ou l’évasion fiscale. Il a par exemple été reproché à la chaîne de fast-food son «optimisation fiscale» en France et en Europe, ou bien encore de servir «des tomates toute l’année». Des accusations qui ont fait durcir le ton de cette réunion publique, et contre lesquelles les responsables de la marque se sont défendus. «Nous ne sommes pas ici pour répondre au procès de la société de consommation que vous faites là» a martelé Michel Le Berre. Ni pour ni contre, un ancien restaurateur a toutefois fait remarquer qu’il existe des restaurants sur l’île qui proposent de la malbouffe et que «si vous faites un procès à charge de McDo, il faut le faire à tous les snacks !»
 
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